La zone commerciale


Depuis les années 1970, deux grands centres commerciaux se disputent le pouvoir d’achat des consommateurs rochelais et de ses alentours : Beaulieu, sur la commune de Puilboreau et Angoulins. Le premier ouvre ses portes le 10 novembre 1970, le second, quelques mois plus tard, le 28 mai 1973.
Auparavant, il fallait se rendre dans le quartier de Mireuil à La Rochelle pour trouver l’unique supermarché moderne de l’enseigne Suma, symbole des trente glorieuses. Mais le développement de la première ville du département et l’essor de la voiture amènent les décideurs à créer deux pôles commerciaux en bordure des grands axes routiers. Le progrès est en marche comme partout en France.

Juin 1969. Le centre commercial de Beaulieu I va bientôt voir le jour. Remarquez la rocade en cours de construction. L’extension Beaulieu II arrivera au début des années 2000. Image IGN Remonter le Temps
Septembre 1972. Le premier supermarché d’Angoulins est sur le point d’être construit. La viabilisation des Fourneaux commence en 1984. L’extension des Ormeaux débute au début du XXIème siècle. Quant aux Cadelis, la configuration actuelle date de 1992. Image IGN Remonter le Temps

Joyeux anniversaire !
En ce second trimestre 2023, l’hypermarché d’Angoulins fête ses 50 ans. 🥂

Albert Denis, maire d’Angoulins

Avant de débuter cet article, il m’a semblé important de mentionner que la création de la ZAC du supermarché en 1973 est à mettre au crédit de l’équipe municipale réunie autour du maire de l’époque, Albert Denis.

En mars 1965, tout jeune retraité de la SNCF, il est candidat aux élections municipales. Au premier tour, sa liste, marquée à gauche, est loin d’être en tête. Avant le deuxième, elle fusionne avec celle de Georges Nadeau. Les électeurs se mobilisent pour cette alliance, une majorité claire se dégage, mais tous sont surpris du résultat. Cet homme, haut en couleurs parfois contesté, prend la tête du conseil municipal. Cet engagement va durer trois mandats, 18 années au service des angoulinois à un moment clé où le village connaît un développement économique et commercial grandissant. Jacques Carteau, 31 ans à l’époque, devient le maire adjoint.

ℹ️ Aller plus loin : la biographie d’Albert Denis (article à venir)

Albert Denis en 1943 et vers 1980. Photos collection Jean Konrad-Kasso, son petit-fils.

Note importante
Vous le verrez plus loin, deux projets sont présentés aux élus : le premier en 1969 situé aux Fourneaux, au sud de l’avenue Edmond Grasset et le deuxième en 1970, à La Velaine, au nord de cette avenue. Celui-ci sera le premier à sortir de terre, au nord des anciens fours à chaux. Tout a commencé par la création d’un grand supermarché, aujourd’hui l’hypermarché Carrefour.

En 1970, deux secteurs se disputent l’installation de la première ZAC. Image IGN Remonter le temps

ℹ️ Lire aussi : les fours à chaux


1969, un premier projet très ambitieux

Ce 29 décembre 1969, le Conseil Municipal, sous la présidence d’Albert Denis, examine un premier projet. Il est proposé par une société d’aménagement, l’Atelier d’architecture des Ajoux, de Courbevoie près de Paris. L’idée est de construire un centre de loisirs, sports et commerces sur des terrains situés aux Fourneaux en bordure de la route nationale. Ces parcelles appartiennent aux sieurs Auguste Guilloteau, Georges Nadeau et Victor Cardinaud. Basé sur la détente et la distraction, ce centre a pour objectif de mettre en valeur les activités locales et artisanales de la région. Noble projet !

À l’évidence, il s’agit d’un très gros projet commercial. Pas moins de 400 emplois sont attendus. L’Atelier des Ajoux, dirigé par l’architecte Gérard Hinderer (1928-2016), souhaite l’accord préalable du Conseil Municipal pour déposer son permis de construire.

Ce projet comprend quatre parties :

  • Loisirs et sport : 1 hôtel, 1 restaurant-snack, 1 piscine couverte, 1 patinoire couverte, 1 ensemble loisirs plein air, 1 terrain de jeux pour les enfants, 1 bowling.
  • Commerces : 1 galerie de boutiques de luxe, 1 jardin avec serres, 1 centre autos avec station service, commerces de biens durables, exposition de spécialités, curiosités et artisanat local.
  • Espaces verts : 1 parking de 1.100 places, jardins et agréments.
  • Services techniques : dessertes en sous-sol pour les dépôts et réserves nécessaires.

La ZAC, nouvel outil à la disposition des communes

Le 12 janvier 1970, un avis favorable peut-être donné, à la condition que la commune ne mette pas un sou dans des travaux coûteux de viabilité et d’assainissement. La Direction Départementale de l’Equipement (DDE) est sollicitée : la solution qui préserverait les intérêts de la commune est la création d’une Zone Aménagement Concerté (ZAC), dispositif national nouvellement créé.

Une ZAC, qu’étou qu’olé qu’thieu ?*

Une zone d’aménagement concerté est une opération publique d’aménagement de l’espace urbain en vertu du code de l’urbanisme et instituée par la loi d’orientation foncière du 30 décembre 1967 pour se substituer aux zones à urbaniser en priorité (ZUP).

Elle avait pour principal objet de faciliter la concertation entre les collectivités publiques et les promoteurs privés qui faisaient preuve de beaucoup de réticence à l’égard des ZUP ; accessoirement, il s’agissait aussi de procéder à une déconcentration et à une uniformisation des contrôles étatiques sur les opérations d’aménagement urbain.

Mises en œuvre à partir de 1970, les ZAC sont les zones à l’intérieur desquelles une collectivité publique décide d’intervenir pour réaliser ou faire réaliser l’aménagement et l’équipement des terrains, notamment de ceux que cette collectivité a acquis ou acquerra en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés.

Wikipédia (*patois charentais : qu’est-ce que c’est ?)

Le 11 mars 1970, l’Atelier des Ajoux n’a pas encore obtenu de réponse. Le dossier est retardé par la Commission Départementale d’Urbanisme Commercial qui veut connaître la nature des produits commerciaux et l’importance de l’hôtel-restaurant. La demande d’accord préalable ayant été déposée avant la création des commissions inscrite dans la nouvelle loi, il semble abusif de soumettre le dossier à cette instance. L’Équipement restant sur sa position, la société des Ajoux devra se soumettre à son exigence pour faire aboutir le projet.

Le projet des Ajoux est concurrencé

Celui-ci fait couler beaucoup d’encre ! Des promesses d’achat de terrains ont été faites aux propriétaires mais aucun n’a jusqu’à présent été vendu. Et elles expirent fin octobre. Lors d’une confrontation à la Préfecture, le cabinet d’Ajoux, n’ayant pas dévoilé l’objet réel de l’implantation, s’est entendu vertement réprimandé par le Préfet qui n’admet pas cette façon de procéder.

Par contre, le deuxième projet proposé par l’Union semble être plus clair et certainement moins utopique pour le maire. Afin de se prononcer pour l’un ou pour l’autre très objectivement, il convoque son PDG, Monsieur Simon, au conseil du 7 août.

Un projet tout aussi ambitieux, l’alliance entre l’Union et Decré

Ce 7 août 1970, le maire Albert Denis réunit son conseil municipal afin de se prononcer sur une nouvelle proposition d’un pôle commercial et de loisirs présentée par le patron de L’Union. Le maire rappelle en préambule que l’Atelier des Ajoux ne peut pas faire aboutir son projet des Fourneaux.

L’Union est une société créée en 1924. Elle a 200 points de vente en Charente-Maritime, dont un à Angoulins au 2 rue Gambetta. Basée à Cholet dans le Maine-et-Loire, elle cesse ses activités en 1986.

Un carnet mémento pour les clients de l’Union. Sélection J, une marque « distributeur » avant l’heure ? Source internet

Dans cette affaire, L’Union a un partenaire, la SARL Decré Alimentation dont le siège social est à Nantes. La répartition de cette alliance est de 76% pour L’Union et de 24% pour Decré.

Decré est le nom d’une grande famille de négociants nantais. En 1931, un grand magasin porte ce nom en plein centre ville de Nantes, il est à son ouverture le plus grand d’Europe. En 1934, cette famille crée la marque Frigécrème puis les hypermarchés Record dans les années 1960 dont le premier voit le jour en 1967 à Saint-Herblain (6500 m²). Au fil du temps, les activités de la famille ont été absorbées par des grands groupes commerciaux et industriels. Yvon Decré sera le dernier dirigeant du groupe jusqu’à sa démission en 1981.

La famille Decré sur Wikipédia et l’histoire de Frigécrème.

Que contient ce nouveau projet ?

Prévu aux lieu-dits Les Russons et La Velaine, au nord de l’avenue Edmond Grasset, il est déjà bien avancé car des terrains ont été achetés et certains sont sous compromis. Le choix d’Angoulins a fait l’objet d’une étude de marché. Le maire insiste sur l’accessibilité de ce futur centre commercial en bordure de la RN137 contrairement au supermarché de Mireuil. Il y aura une bretelle d’accès à partir de la nationale et une route d’accès sera créée au carrefour du cimetière (deux maisons seront rasées).

Occupant une surface de 113.000 m², le projet présenté se décompose ainsi :

  • Un supermarché de 23.532 m², surface de vente en libre-service, réserves, bureaux, laboratoires, locaux techniques et cafétéria.
  • Un ensemble de commerçants indépendants regroupés autour de la grande surface : 20 commerçants locaux peuvent être inclus avec un bail de 12 ans. Surface occupée, 2.372 m².
  • Un centre jardin de 500 m² réservé à la vente de végétaux en bacs.
  • Un centre auto avec station de distribution de carburant en libre-service stockant 60.000 litres de super carburant et d’ordinaire, un tunnel de lavage automobile, boutique d’accessoires autos, poste de montage de pneus.
  • Un parking de 2.100 places plus 5 places pour camions semi-remorque.
  • Une aire d’exposition de 1.300 m² pour tentes, bateaux, caravanes.
  • Un centre de loisirs autour d’un lac artificiel qui serait aménagé dans une ancienne carrière, avec, autour du lac, restaurant grill, bar, bowling, night-club. Ce centre servira aussi à des démonstrations de sports mécaniques.

Bref, un projet très ambitieux, surtout le centre de loisirs.

L’ancienne carrière de ce futur centre de loisirs est celle de La Velaine, exploitée par différentes sociétés dont la dernière est celle des Sociétés des Ciments et Chaux d’Angoulins-sur-Mer.

Voir mon article, Les fours à chaux
En 1972, l’ancienne carrière de La Velaine. Image IGN Remonter le temps

La création d’un supermarché fait la différence !

L’atout majeur de cette alliance est la construction d’un immense supermarché dont l’Union et Decré sont depuis longtemps des experts. L’Atelier des Ajoux ne propose que des boutiques de luxe. Bref, il est tout aussi ambitieux mais certainement plus viable économiquement ! Seul le centre de loisirs autour de la carrière nous semble aujourd’hui démesuré.

Supermarché ou hypermarché ?
En 1970, le conseil municipal d’Angoulins utilise le terme supermarché dans ses comptes-rendus officiels. Or, ici, il s’agit bien d’un hypermarché car la surface envisagée est supérieure à 2.500 m².
Le premier hypermarché de France ouvre le 15 juin 1963 à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans la banlieue sud de Paris, sous la bannière Carrefour.

Des créations d’emplois à la clé mais dans une moindre mesure

Devant le conseil municipal, monsieur Simon vante les bienfaits économiques de la création d’un supermarché à Angoulins. Le premier Record de Saint-Herblain occupe 120 personnes, celui qui nous concerne, quatre fois plus grand, créerait 200 à 250 emplois.

Le conseil est sensible a cet argument, la population le sera forcément. Cependant, il s’inquiète des répercutions sur les commerces du bourg et estime que « peu d’entre eux pourront s’associer au centre commercial ». Autre avantage, les ressources communales augmenteront.

Le vote à main levée des membres présents est favorable : 7 voix pour, 2 contre. Le maire précise que l’aménagement du secteur se fera en ZAC. L’Atelier d’architecture des Ajoux sera mis au courant de cette décision.

Le choix de la commune

Nous sommes en janvier 1971. De par ses avantages, le principe d’un aménagement en ZAC est définitivement validé par le conseil municipal. Le maire a contacté la DDE pour qu’elle étudie les travaux de viabilisation et d’assainissement mais uniquement pour le projet de l’Union, le plus à considérer indique-t-il.

Le 10 mars, le conseil municipal acte une convention de ZAC avec L’Union. La commune sera maître d’ouvrage des voiries et assainissements, les dépenses en résultant seront remboursées par la société, y compris les frais d’étude de la DDE.
La liste des dépenses :
• Aménagement du carrefour de l’avenue Edmond Grasset et de la nouvelle voie d’accès à la zone.
• Élargissement du chemin du cimetière (actuelle rue Pasteur) jusqu’à la rue Personnat et construction d’un parking le long dudit cimetière.
• Création des réseaux hydrauliques, alimentation en eau, assainissement et pluvial.
• Création d’une piste de décélération et aménagement d’un carrefour sur la RN137.

Avril 1971, Superdam relance le projet des Ajoux

Le 2 avril, la commune reçoit un courrier de la société Superdam. En fait, elle reprend l’intégralité du projet de l’Atelier des Ajoux, repoussé par les autorités car moins rationnel que celui de l’Union.

Superdam, Société Anonyme d’Alimentation d’Aunis et de Saintonge, est une entreprise commerciale rochelaise basée dans le vieux centre au 2 rue du Minage. Aujourd’hui, à cette adresse, juste à côté de la fontaine du Pilori, s’y trouve un Carrefour City.
En 1974, Superdam passe sous le contrôle de Disque bleu, entreprise fondée en 1954 à Limoges. Les supermarchés prennent l’enseigne DB (comme Disque Bleu !) et les supérettes celle de Franprix (aujourd’hui groupe Casino).

Source internet
Vers 1975. L’enseigne DB a pris la suite du Superdam de La Rochelle, place de la fontaine du Pilori. Source internet

Superdam est au courant de la réalisation d’un centre commercial à La Velaine. Elle demande l’établissement d’un dossier de ZAC aux Fourneaux et se dit être disposée à poursuivre toute forme de dialogue avec l’Union. Cette relance de l’affaire ne retient pas l’attention du conseil qui décide de ne pas y apporter de suite. Un peu gonflé nos amis de Superdam mais qui ne tente rien n’a rien !

Cependant, le 27 juillet, ce dossier fait l’objet d’une réunion entre la commission « urbanisme expansion » de la commune et un représentant de Superdam. Celle-ci demande une autorisation de ZAC sur la base du projet de l’Atelier des Ajoux. Un conseiller de ce dernier rappelle que leur projet est le fait d’une société d’origine locale, comprenant certains administrés d’Angoulins et dont le siège social sera établi à Angoulins.

Cet argument semble convaincre le conseil municipal qui émet un avis favorable à un accord préalable pour solliciter de la DDE l’élaboration du projet des travaux à effectuer dans le cadre d’une ZAC. À condition que la vocation de Superdam soit différente de celle de l’Union. Et uniquement sur le projet initial des Ajoux !

Septembre 1971, rebondissement dans le dossier Superdam

Monsieur Leclercq, PDG de Superdam a écrit au maire. Il annonce que « l’évolution du projet l’amène à envisager sa réalisation sous une forme sensiblement modifiées n’impliquant plus les modalités d’une procédure de ZAC ». Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Il propose de morceler les terrains des Fourneaux pour les répartir entre les différentes activités. Elles feront chacune l’objet d’un permis de construire. Malin !
Le conseil municipal est d’accord. À condition que ce nouveau projet soit soumis à l’étude du conseil. La préfecture et la DDE seront informées puisque seul le dossier de ZAC de l’Union sera à poursuivre. Le concours de l’Equipement est sollicité pour rédiger la convention avec cette dernière.

Le 18 novembre, le conseil municipal vote l’exemption de la taxe locale d’équipement (TLE) au profit de l’Union. Par la même occasion, il émet un avis favorable au permis de construire déposé le 16. La machine est lancée.

De quoi j’me mèle !
La construction du supermarché fait l’objet d’un article paru dans le journal Sud-Ouest du 3 juillet 1972. Il a provoqué une forte émotion. Michel Crépeau, maire de La Rochelle, s’est immiscé dans le projet. Un SIVOM, syndicat intercommunal à vocation multiple, ancêtre de la CDA, est en cours de création. La TLE ne serait plus versée aux communes mais au SIVOM. La municipalité demande à Crépeau de rester à sa place et de ne pas gêner les projets d’Angoulins. Elle considère que ce projet aurait déjà abouti si Michel Crépeau n’avait pas exercer de pressions sur les élus angoulinois.

Archives de la mairie d’Angoulins, conseil municipal du 5 juillet 1972

Juin 1972, Superdam ouvre finalement un magasin

Cette société ne verra pas son projet, celui initial de l’Atelier des Ajoux, aboutir du côté des Fourneaux. Mais rien de perdu : l’enseigne s’installe de l’autre côté de la nationale, au lieu-dit le Pas des Eaux. Le conseil municipal est au courant depuis fin 1970 qu’un supermarché (non précisé mais je suppose Superdam) avait acheté un grand hangar. Celui-ci l’a loué à la marque Mercedes-Benz pour y présenter des voitures.
Le 12 juin 1972, le Préfet écrit au maire pour qu’il fasse passer la commission de sécurité dans ce nouveau magasin. Le conseil proteste vivement contre cette installation. Il n’a pas été consulté et pense que c’est une erreur grossière question accès depuis la nationale 137. Le maire refuse de prendre la moindre responsabilité dans cette affaire mais le préfet lui fera entendre raison car Superdam n’avait pas besoin d’autorisation administrative dans la mesure où elle s’installe dans un bâtiment existant. Aucun moyen ne peut empêcher l’ouverture si les conditions de sécurité, incendie et circulation routière, sont remplies. La commission passera mais le maire Albert Denis se dégagera de toute responsabilité. Na !

Le supermarché Superdam « Le Cash à Lots » est aujourd’hui la concession automobile CAR occasions et Seat au bord de la RD137. La route a été déclassée en départementale en 2006. Son accès est encore moins facile qu’en 1972 depuis la fermeture de la bretelle en 2018 !

En marge de l’aménagement de la ZAC des Fourneaux, un projet de construction d’un hôtel Mercure de 67 chambres avec 37 maisons et un centre commercial est présenté en janvier 1973 par la toute jeune Société d’Etude et de Financement Hôtelier (groupe Mercure) pour le compte de Superdam. Cet hôtel n’a jamais vu le jour car les permis de construire des maisons et du centre commercial ont été refusés en septembre 1975 malgré l’avis favorable de la municipalité. Si ce projet avait abouti, cet établissement aurait été l’un des tout premiers de la marque rachetée par Accor la même année.

Un clic sur ce lien permet de voir l’emprise des parcelles de ce projet d’hôtel.
Le Superdam « Le Cash à Lots » était un clin d’œil à « La Baleine » du Rond Point Coop (Hypercoop) de Beaulieu Puilboreau, ici sur cette carte postale de 1975. Source Internet
Septembre 1972. Vue aérienne du nord de la future zone des Fourneaux. Image IGN Remonter le temps

Certains angoulinois se souviennent de cette ancienne carrière de chaux au bord de la nationale. Elle était la propriété du couple Bertazzon Piccolo dont la maison se trouvait un peu plus haut, en face du Superdam. On pouvait y rencontrer les chèvres d’Emilia, originaire d’Italie et décédée à La Rochelle en 1999 à l’âge de 86 ans.

L’endroit se nomme « Les Fourneaux » bien avant l’installation des fours à chaux (à partir de 1880). La technique étant connue depuis des siècles, il est possible qu’il ait existé des fours il y a fort longtemps… Autre explication plausible, des fours à sel ont été découverts tout près d’ici, aux Ormeaux.

Source cadastre AD17

Mai 1973, ouverture du Record

La construction de l’hypermarché, avec sa galerie de commerçants, du parking et de la station service est lancée en 1972. Le Record d’Angoulins est le onzième du groupe Decré, il ouvre ses portes le 28 mai 1973. Quatre jours de fête, la fanfare municipale accompagnant le maire Albert Denis, des animations jamais vues, le bouchon sur la nationale pour jeter un œil, et comme bouquet final, la venue d’Annie Cordy.
Je me souviens de ce changement qu’a occasionné l’installation de ce grand magasin. Il coïncide avec l’emménagement de mes parents rue Toucharé en avril de la même année. Le territoire d’Angoulins va profondément changé à partir de cette date. La modernité est en marche, en route vers le XXIème siècle !

Vers 1973, l’hypermarché Record d’Angoulins. Il s’est considérablement agrandi depuis (réserves, galerie marchande). Collection Claude Torchon
Une vue aérienne du 1er juin 1973. Le Record est tout neuf ! Image IGN Remonter le temps

Comme on peut le voir sur cette vue aérienne de 1973, des nouvelles stations service bordaient la RN137 (Fina, Total). Les deux maisons coincées entre le parking, la nationale et la station essence seront détruites en 1994. Conformément au projet de la ZAC, le parking du cimetière est en chantier.

Mettons fin immédiatement au suspense ! Le centre de loisirs autour d’un lac artificiel prévu au projet L’Union / Decré ne verra jamais le jour. La carrière existe toujours, la nature y a repris ses droits depuis bien longtemps, depuis la faillite de la dernière société en 1935.

Sac en plastique Record d’Angoulins. Collection Pierre Neyrand

1978, l’enseigne Record disparaît

En 1975, Decré cède la gestion de trois Record dont celui d’Angoulins au groupe Les Docks de France (racheté par Auchan en 1996). En 1978, le magasin devient un Mammouth. Deux ans plus tard, nouvelle cession, le groupe Carrefour devient propriétaire et depuis cette date, le supermarché porte cette enseigne.

Les trois enseignes du supermarché d’Angoulins. Mammouth écrase les prix tandis que Mamie écrase… 😄
Logos source internet
2021. Le centre commercial Carrefour entre la RN137 et Angoulins. Source IGN Géoportail

L’environnement du centre commercial Carrefour a quelque peu évolué. Le parking a été agrandi et l’échangeur a été déplacé vers le nord. La station service est plus proche de la route. De nouvelles enseignes se sont installées le long de la RN137, comme McDonald’s, Feu Vert et récemment Burger King et Del Arte.

Un nouvel échangeur au nord du parking de Carrefour
Afin de désengorger le pont d’Angoulins construit en 1969 au-dessus de la nationale, le conseil départemental projette la construction d’un nouveau au nord du parking de Carrefour. Mise en service prévue en 2027 ?

Le projet est consultable ici : mairie d’Angoulins, également un article de Sud-Ouest (2021)

La ZAC des Fourneaux

En 1984, soit douze années après la construction du Record, les pelleteuses s’animent et débutent le traçage de la future avenue des Fourneaux.

1985, la toute jeune ZAC des Fourneaux. Sur cette vue, un deuxième axe est en construction, la rue Albert Denis, hommage légitime au maire ayant eu à gérer ces lourds dossiers de ZAC. Image IGN Remonter le temps

Très rapidement, les commerces sortent de terre le long de l’avenue des Fourneaux. Ce sera un peu plus long côté rue Albert Denis, les derniers établissements ouvrent leurs portes au début des années 2000.

2021. La ZAC des Fourneaux, entre le village et la RD137. Elle fêtera ses 40 ans en 2024. Image IGN Géoportail

La ZAC des Ormeaux et la ZA des Cadelis

Les Ormeaux

Le développement de cette partie du parc commercial commence réellement entre 2004 et 2006. Jusqu’à présent, quelques magasins s’étaient installés au milieu des années 1970, tout près de la bretelle descendant sur la RN137 (voir la photo en noir et blanc un peu plus haut).

2021. La ZAC des Ormeaux et à droite de la RN137, la zone des Cadelis. Image Géoportail

De grandes enseignes nationales sont installées sur cette partie du parc, Lapeyre, Boulanger, Jardiland, Aldi, et La Foir’Fouille. Une clinique de convalescence remplace celle, vétuste, qu’occupait le château de Clavette à quelques kilomètres d’ici.
La zone des Ormeaux est bien plus végétalisée que celle des Fourneaux. On le constate aisément sur les deux photos ci-dessus. Un visage minéral soulevé par la Charte architecturale de la commune dont le CDA pourrait s’inspirer pour améliorer l’aspect visuel général.

La ZA des Cadelis

Ce lieu-dit, le long de la RD137, au sud du pont construit en 1969, connaît des activités industrielles depuis longtemps puis, récemment, commerciales. C’est ici que le four à chaux d’Auguste Cardineau était installé vers la fin du XIXème siècle.

En 1964, s’installe une première activité : une station de carburant. Il faut attendre 1992 pour voir s’installer l’hôtel Première Classe et le restaurant Buffalo Grill, toujours en place aujourd’hui. Le grand bâtiment abritant le Crossroad et l’Aventure Game est très récent. Un centre d’exploitation de la Direction de l’Equipement est chargé de l’entretien de la RD137. Bref, pas de grands bouleversements de ce côté-ci d’Angoulins !
Cette petite zone, à l’écart des deux autres, est gérée depuis peu par la CDA de La Rochelle.


Le parc commercial aujourd’hui

La Communauté d’Agglomération de La Rochelle est aujourd’hui le gestionnaire des parcs d’activités commerciales d’Angoulins, qui, rappelons-le, englobent les Fourneaux, les Ormeaux et Les Cadelis mais pas Le Carrefour, dont les terrains sont privés. Le statut de ZAC a évolué, ce sont aujourd’hui des lotissements d’activités, qui peuvent être commerciales ou industrielles comme par exemple à Périgny.

Les deux autres grands parcs commerciaux sont Beaulieu et Lagord. Pour accompagner le fort développement de ce dernier, un projet de bretelle d’accès direct à partir de la rocade est en cours d’étude.

La surface totale du parc est de 443.000 m², occupé par 105 entreprises. Il a atteint ses limites, coincé entre le village et la départementale. Une extension de l’autre côté de la route n’est pas à l’ordre du jour car la commune a la volonté de sanctuariser les terres agricoles. Volonté conforme à un avenir de plus en plus écologique.


Documentation
Archives de la Mairie d’Angoulins (conseils municipaux)
Jean Konrad-Kasso, petit-fils du maire Albert Denis
CDA de La Rochelle, service économique
Wikipédia, Géoportail, Remonter le temps