La villa Montretout


Déflorons dès à présent le mystère du nom de cette villa : dans un précédent article sur La Motte Grenet, je vous avais parlé de ce ravissant chalet de style balnéaire édifié au sein du fortin napoléonien. La villa Montretout est le nom de baptême donné par le couple à l’origine de sa construction. Elle a connu plusieurs vies, son histoire intéressante mérite de s’y attarder.

La villa Montretout dite « de la Motte Grenet » et sa pompe à eau, système Japy. Source internet

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1875, l’achat du terrain

En cette année 1875, le terrain en question est celui du fortin napoléonien construit en 1810. Le ministère de la Guerre n’en a plus l’utilité, décision est prise de s’en séparer. Une vente sur adjudication a été organisée par le Préfet, sous couvert du maire d’Angoulins, Jacques Gilbert. L’acte de cession est signé ce dimanche 11 juillet à Angoulins, à l’office notarial de Maître Michel. L’heureux nouveau propriétaire et meilleur enchérisseur est Pierre Jeantet. Ce représentant de commerce, né à Bordeaux en 1822, a épousé en 1863 à la mairie de cette ville Nelly Dabertrand, née en 1832 à Toulouse. Au moment de la signature, le couple habite Orthez dans les Pyrénées.

Pierre a acquis sept parcelles référencées A647, C437 à 442. La superficie totale est de 6 810 m².

Les sept parcelles acquises par le couple Jeantet. Cadastre de 1867, source AD17

1875-1876, la construction de la villa

Aussitôt, Pierre et Nelly commencent la construction de la villa. Malheureusement, Nelly décède le 30 juin 1876 à Angoulins, à l’âge de 44 ans, à peine un an après l’acquisition du terrain. Le couple est sans héritiers.
Un acte notarié de 1880 nous montre que le chalet est moderne et confortable. Au rez-de-chaussée, il dispose de deux chambres, d’un cabinet de toilette, de WC, d’un salon à manger et d’une cuisine. À l’étage, une chambre, un grenier et des balcons. 2 500 ceps de vigne sont plantés simultanément à l’édification de la maison.

Vers 1950, au premier plan, la villa Montretout édifiée par Pierre et Nelly Jeantet. La vigne est en dessous de la maison du garde-barrière. Source Internet
Une autre vue aérienne en 1957/1958. Le bâtiment à côté du chalet est l’ancien corps de garde du fortin. Remarquez sur cette image tout à gauche, la salle à manger et les annexes en construction de l’hôtel bar restaurant de Louis Authé. Tout au fond, la villa Oasis. Source internet

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1877, la vente à Joseph Sauvignon

Nelly décédée, le projet d’une vie s’effondre. Pierre décide de se séparer de la maison. Le 5 novembre, chez Maître Michel, il signe la vente de la propriété au profit de Jacques Sauvignon (1839-1916), ancien agriculteur de Montils vers Pons, époux de Victorine Giraud (1843-1910). Le couple est originaire de Saintonge. En 1880, ils habitent La Rochelle où Jacques dirige une entreprise de terrassement. La vente, consentie pour la somme de 22 000 francs, comporte une clause de paiements différés.

Malheureusement, Jacques Sauvignon ne respecte pas son engagement de payer la maison. Il reconnaît son défaut et, par un acte notarié du 1ᵉʳ mai, autorise Pierre Jeantet à vendre la villa aux enchères.

1880 : la vente aux enchères à Alban Fradin de Linières

Annonce de la vente aux enchères dans L’Écho Rochelais du 11 septembre 1880. Source AD17

La vente se tient sous la présidence du maire Jacques Gilbert (1818-1883) en la maison commune, rue Gambetta. Fixée au départ à 10 000 francs, la vente est conclue à 14 000 francs, payés comptant par Alban Fradin de Linières. Originaire de Lupsault en Charente où il est né en 1825, Alban est un ex-inspecteur de l’exploitation des chemins de fer d’Orléans à Chalons. Rentier, il est probablement attiré par la douceur de vivre au bord de l’Océan, à quelques encablures d’une grande ville, La Rochelle.
Pour situer (à peu près) la valeur du bien vendu, 14 000 francs de 1901 valent 60 000 euros de 2021.

Les FRADIN et FRADIN de LINIÈRES sont issus d’une famille bourgeoise, originaire de la Gâtine parthenaise, en Poitou.
Jacques Fradin des Delinières prit part en 1789 aux assemblées du Tiers État du Poitou comme député de la paroisse de Montcoutant.

Dictionnaire des Familles Françaises, anciennes ou notables, à la fin du XIXᵉ siècle, 1923

Alban a pour épouse Astérie Cherré, née à Angers en 1826. Ils se sont mariés à Reims en 1875. Lors de la cérémonie, le couple légitime leur unique fille, Julie, née à Paris en 1853. Vingt-deux années pour régulariser, c’est du propre !

1890-1895, les dettes contractées par Alban

Malgré ses origines bourgeoises, le couple Fradin de Linières a besoin d’argent. Leur entregent met en confiance et ils proposent de solides garanties avec la villa. Alban contracte plusieurs prêts :

  • En mars 1890, Benjamin Delaunay, notaire de La Rochelle, lui prête la somme de 3 000 francs. En bon officier ministériel qu’il est, il prend soin de prendre au même moment une hypothèque sur la villa. Mais, il décède en 1892, à l’âge de 76 ans. En 1895, son épouse Césarine active la garantie et demande le remboursement du prêt.
  • En 1892 et 1893, il emprunte au total 1 800 francs à André Bouffard de La Rochelle. Intérêts de 5%, paiement annuel à date fixe. Une hypothèque est renouvelée en décembre 1901.
  • En 1893 et 1894, Jean Gandriau de La Rochelle lui prête en deux fois la somme de 1 200 francs. Comme précédemment, l’hypothèque est renouvelée en octobre 1903 et avril 1904.
  • Enfin, en 1895, Pierre Loyset prête 1 200 francs au taux de 5% remboursable par annuité. Un renouvellement de l’inscription en hypothèque en garantit le remboursement en février 1905.

ℹ️ Les inscriptions en hypothèque ont une durée de vie limitée. Tant que le prêt n’est pas remboursé, le renouvellement est nécessaire pour conserver la garantie de paiement.

Pour faire simple, ces 7 200 francs sont à rembourser aux ayants droit, éventuellement à leurs héritiers. Ce que nous verrons plus bas.

Le 12 septembre 1896, Astérie décède dans sa villa Montretout.

12 septembre 1896, acte de décès d’Astérie Cherré, état civil d’Angoulins. Source AD17

1898, Césarine Delaunay engage les hostilités

Considérant les dates d’enregistrement des hypothèques, Césarine Delaunay est, en 1898, la seule à pouvoir prétendre au remboursement du prêt consenti par son défunt mari. Une vente aux enchères de la villa est annoncée dans le journal « Les Plages Charentaises » pour le 28 juillet. Bis repetita, une nouvelle adjudication est prévue le 11 septembre suivant. Le bien connu maître Chevalier, notaire d’Angoulins, est chargé des formalités.
On peut se poser la question : pour quelle raison une seconde vente si proche de la première ? Peut-être Alban a-t-il donné des garanties à Césarine pour surseoir à la première vente, mais sans succès ou tout simplement, les enchères n’ont rien donné en juillet, ce qui semble étonnant.

Le bel entête du journal Les Plages Charentaises et les deux annonces de vente. Source AD17

Finalement, la propriété n’est pas vendue, car Julie, la fille d’Alban et d’Astérie, va en hériter. À mon avis, Alban a su convaincre Césarine de garder la maison moyennant un arrangement financier.

1904, Julie Fradin de Linières hérite

En cette année 1904, le 8 mars, Alban décède à l’âge de 80 ans dans sa villa de La Motte Grenet. Détail d’importance, sa créancière, Césarine Delaunay, décède à La Rochelle deux mois plus tard le 25 mai.
Julie devient donc l’unique héritière de la propriété. Elle habite Paris lorsque son père rend l’âme.

9 mars 1904, acte de décès (le 8) d’Alban Fradin de Linières, état civil d’Angoulins. Source AD17

ℹ️ Aller plus loin : la généalogie des Fradin de Linières

Le 7 juillet 1884, à la mairie d’Angoulins, soit quatre années après l’installation de ses parents à La Motte Grenet, Julie épouse le rochefortais Raoul Thomé (1861-1938), peintre en bâtiment. Elle a pour témoin les notables du village, le notaire Jules Michel et le chef de gare Albert Gardebosc.

Un mariage contre-nature, car le couple divorce en février 1890, à la requête de Julie. Peu après le mariage, elle se plaint d’injures graves de la part de son mari, il est débauché, rentre ivre à la maison, elle se sent abandonnée et manque de respect. Il lui a communiqué une maladie secrète très grave (sic). Le Tribunal lui donne raison, Raoul est condamné aux dépens. Maître Michel, est chargé de liquider la communauté.

Rendons cependant honneur à Raoul Thomé. Après la peinture, il devient commerçant puis agent général d’assurance reconnu à Rochefort. Il débute une collection de timbres et obtient de nombreux prix. Celle-ci est reconnue comme étant la plus belle de la région à son décès survenu en 1938 à Rochefort.

1907, la vente à Louis Leroy

Trois ans plus tard, par acte du 19 octobre 1907 passé chez Maître Chevalier, Julie vend la villa 10 000 francs (environ 41 000 euros) à un parisien, Louis Leroy. L’acte notarié liste les dettes d’Alban (rappel, 7 200 francs) qui sont d’office déduites du prix payé. Louis doit payer le solde, soit 2 800 francs (12 000 euros) à Julie. Il s’engage à régler en cinq annuités au taux de 5% l’an.

Louis est né au Bourget près de Paris en 1873. C’est le fils d’Adrien Leroy (1847-1914) et de Thérèse Olivier (1852- après 1905). Adrien est maître verrier.

La raison de son achat de la villa de la Motte Grenet est un mystère (un ami parisien de Julie ?). L’encre à peine sèche, il installe dans le corps de garde du fortin napoléonien une verrerie, connue des Angoulinois sous le nom de verrerie Leroy. Elle fut active de 1908 et 1911. Maurice Poniard, le grand-père de mon cousin Raymond y a travaillé.

ℹ️ Lire aussi : la verrerie Leroy

1911, la vente aux enchères à Marie Nunc

Nouveau rebondissement ! Sur les 7 200 francs dus par Julie, 3 000 francs n’ont toujours pas été payés aux héritiers du couple Delaunay, René et Louis Gautreau, leurs petits-enfants. Les deux frères engagent une procédure de saisie de la maison.
Mais, il y a un mais : entre temps, Julie a vendu la villa à Louis Leroy en octobre 1907. Les Gautreau poursuivent donc Julie et Louis, et obtiennent la vente sur saisie de la propriété.
À noter que celle-ci, parfois appelée chalet, se nomme maintenant « villa de la Motte Grenet ».

Annonce de la vente sur saisie dans L’Écho Rochelais du 21 juin 1911. Source AD17

La mise à prix correspond à la dette. Une misère pour un bien de cette importance, à peine 10.000 de nos euros. Les enchères sont remportées par Marie Nunc, épouse de Charles De Thierry Villemont. Le couple n’habite pas très loin, Marie est propriétaire de la villa Oasis depuis 1907, plus connue sous le nom de château de La Sapinière.

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Marie Nunc est née en 1859 à Étalon dans la Somme d’un père tonnelier et d’une mère sans profession. Le 27 mai 1907, elle épouse à Paris — en premières noces — Charles De Thierry Villemont. En revend la villa Oasis en 1918. En 1927, elle construit une nouvelle maison à Châtelaillon qu’elle appellera… villa Oasis.

L’acte d’adjudication est signé le 12 août 1911. Le prix payé est de 5 100 francs (17 000 euros).
Marie a vendu une maison qu’elle possédait à Courbevoie près de Paris pour financer l’opération. Notez qu’elle a conclu cet achat sans son époux, en toute indépendance. Une liberté rare à cette époque !

1917, la vente à Marie Frick

Marie De Thierry Villemont habite encore la villa Oasis en 1917 (elle sera vendue en juin 1918). Le 11 décembre, chez Maître Poissonnet de La Rochelle, elle signe l’acte de vente de la villa au profit de la Rochelaise Marie Joussemet (1861- 194?), veuve de Georges Frick (1851-1914), ancien doreur et miroitier. Le couple s’est uni à Paris en 1879. Elle s’y installe avec son troisième fils, Marcel (1891-1966) et son épouse Berthe dite Raymonde Fabri (1896-1981).

Encore une fois, les Angoulinois connaissent les maisons par ceux qui les occupent. La villa Frick est réputée pour avoir abrité un important élevage avicole. Les annuaires des commerçants de l’époque n’oublient pas de mentionner cette activité. Raymonde a gagné de nombreux prix aux concours agricoles, à tel point que les journaux de Bordeaux publient des petites annonces de vente de ses œufs.

En 1921 et 1922, la presse locale se fait l’écho des prix gagnés par Raymonde Frick. Les noms cités sont des races de poules. Source AD17

Marie Frick a mis sa maison en vente entre mars et mai 1925, mais sans succès.

1931, la vente aux Orphelins Apprentis d’Auteuil

La fondation Orphelins Apprentis d’Auteuil (quartier de Paris dans le XVIᵉ) est créée en 1866 par l’abbé Louis Roussel. En 1923, le père missionnaire Daniel Brottier (1876-1936) reprend l’institution en grande difficulté. Il lui donne une nouvelle impulsion. En juin 1929, elle est reconnue d’utilité publique par décret présidentiel. L’œuvre étend ses activités et achète des propriétés un peu partout en France pour envoyer les enfants au grand air.

Le 1ᵉʳ septembre, la fondation achète la villa de la Motte Grenet à Marie Frick. Son fils Marcel est également vendeur : il cède quatre parcelles de terre d’une surface totale de 1 500 m². Il en est le propriétaire depuis son divorce avec Raymonde Fabri en novembre 1927. Ces parcelles appartenaient auparavant à la famille Guichard, bien connue dans le village. La fondation ambitionne la construction d’un préventorium sur l’une des parcelles. Il ne verra jamais le jour.

Le père Brottier fut directeur général de la fondation jusqu’à son décès, il venait souvent à Angoulins voir les enfants et donnait des messes à l’église. Une rue et un square lui rendent hommage. Il est béatifié le 25 novembre 1984 par le pape Jean-Paul II.
La fondation est aujourd’hui l’une des plus importantes en France pour l’accueil et la prise en charge des jeunes en difficulté.

La vente est cependant conditionnée à l’accord de l’État. Le 30 décembre suivant, un décret signé par le président de la République Paul Doumer et son président du Conseil Pierre Laval, autorise la Fondation à acquérir la villa et les terrains, payés respectivement 90 000 francs et 10 000 francs soit 65 000 euros. La somme est versée à Marcelle Dingeon de Paris : un acte notarié prévoit le placement sous la forme d’une souscription d’obligations au profit de Marie, remboursables dans deux ans, en décembre 1933.

J’ai trouvé sur Geneanet une information concernant Marcelle : elle fut « gérante du salon de thé La Rose d’Or aux Orphelins d’Auteuil ». Il est bien plus commode de remettre 100 000 francs à une personne proche — connue — que de les transporter à 500 km chez un notaire…

Les enfants jardiniers de la fondation d’Auteuil. Source internet

1939 : la vente à Jean Carpot

La Seconde Guerre mondiale vient de commencer. La fondation d’Auteuil a pris la décision de vendre pour trois raisons :
L’éloignement de Paris (500 km) rend onéreuse l’utilisation de la maison comme colonie de vacances étant donné le prix des transports ;
• La maison a besoin d’urgentes et très importantes réparations ;
• Les locaux sont nettement insuffisants pour recevoir tous les enfants restants à l’Œuvre pendant les vacances.

La Fondation avait au préalable fait la publicité de la vente. La proposition de Jean Carpot, 65 000 francs (environ 33 000 euros), est retenue. L’État approuve encore une fois la transaction. La démarche a été faite au préalable et le 21 juillet 1939, le président de la République Albert Lebrun et son ministre de l’Intérieur Albert Sarraut signent le décret.
Rien ne s’oppose à la signature chez Maître Le Baron, notaire à La Rochelle ce 16 octobre 1939. Le produit de la vente est affecté au fonds de réserve de la fondation.

Jean Carpot (Calais 1885 – 195x) est directeur général pour la France de la London Guarantee, grande compagnie d’assurance internationale. C’est l’époux de Marcelle Klein (Paris 1886 – Paris 1971). Le couple habite la capitale où ils se sont unis en 1910.
Le père de Jean Carpot, Eugène est photographe portraitiste connu et reconnu à Calais, passion qu’il transmettra à son fils Henri. Son autre fils Félix est directeur de manufacture.

Un beau portrait d’Eugène Carpot. Source

De 1940 à 1942, Jean Carpot agrandit son domaine de la Motte Grenet en rachetant cinq parcelles d’une surface totale de 2 060 m². Jean puis Marcelle sont les propriétaires particuliers ayant gardé le plus longtemps la maison, 24 années.

1963, la vente à l’APAS du Rhône

Jean décède dans les années 1950. Sa veuve, Marcelle, reste propriétaire de la maison jusqu’au 20 décembre 1963, date à laquelle elle cède la propriété pour 150 000 francs (environ 234 000 euros) à l’Association Paritaire de Médecine de Travail du Bâtiment et des Travaux Publics du Département du Rhône, l’APAS MT BTP (ouf !). Le même jour, cette association rachète à Renée Guyonnet Authé deux parcelles de terrain d’une superficie de 5 300 m² sur lesquelles se tient l’ancien restaurant réputé de son époux Louis Authé.
Marcelle Klein perçoit 100 000 francs à la signature. Les 50 000 francs restants sont convertis en rente viagère. Elle touchera 30 trimestres à 1 960 francs, soit 58 800 francs jusqu’à son décès en septembre 1971.

ℹ️ Lire aussi : le restaurant de Louis Authé

L’APAS convertit rapidement les bâtiments et la colonie des Genêts peut ouvrir. Elle prend ensuite de l’ampleur, plusieurs autres locaux sont construits, des dortoirs principalement, en 1967, 1973 et 1983.

En décembre 1990, la colonie est transférée à la nouvelle association APAS OS BTP, Association Professionnelle d’Action Sociale, Œuvre Sociale du Bâtiment et des Travaux Publics du Rhône. Re ouf !

ℹ️ Lire aussi : les colonies de vacances.

Vers 1977, la colonie de vacances des Genêts, APAS du Rhône. Au centre, la villa Montretout vient de fêter son centenaire ! Source famille

1997, la vente à la SCI Les Flots

L’APAS du Rhône ferme les portes de la colonie en 1995. L’ensemble est vendu à une société civile immobilière créée en décembre 1996, la SCI Les Flots dont le siège social est situé chemin des Genêts à Angoulins (en fait, la colo). L’acte de vente est signé le 30 janvier 1997 chez Maître Baillet, notaire à La Rochefoucauld en Charente et chez Maître Touzet à Lyon, moyennant le prix de 3 800 000 francs (environ 800 000 euros). Cela commence à être consistant !
La SCI sera radiée du registre du commerce en février 2007.

2005, la vente à la SCCV Les Genêts

La SCCV Les Genêts (Société Civile de Construction Vente) est le promoteur de Châtelaillon à l’origine de l’actuelle résidence du Rocher de la Menoise.
Le 3 février 2005, chez Maître Audibert à Châtelaillon, son gérant signe le rachat à la SCI Les Flots de l’ensemble des parcelles, des bâtiments de la colonie et de l’ancien fortin napoléonien dont la villa pour la somme de 2 896 000 euros. Tout est resté en l’état de 1997 à 2005. Une bien belle opération financière !
La villa Montretout est rasée, le terrain est loti et les superbes maisons vont pouvoir sortir de terre. La SCCV est dissoute en septembre 2021.

Le rocher de la Menoise est un lieu-dit en mer sur le platin d’Angoulins, à 800 mètres au large de La Motte Grenet. Il existe aussi l’allée de la Menoise, petite impasse à proximité de la ferme du Moulin de la Pierre.

2009. Le chantier de la résidence du Rocher de la Menoise. Photo personnelle

J’ai pris cette photo le dimanche 11 janvier 2009, lors d’une balade dominicale. Je n’avais aucune idée à l’époque que cette image me servirait à illustrer cet article. Je ne connaissais même pas l’histoire du fortin ! La villa Montretout était là, juste devant mes yeux. Cependant, je regrette de n’avoir jamais pu la visiter.
On aperçoit les restes du corps de garde et des murs d’enceinte du fortin. La Direction des Affaires Culturelles de Poitiers a exigé leur intégration aux futures maisons.

Août 2021, la résidence du Rocher de la Menoise. Image IGN

Résumé des propriétaires successifs

RangPropriétairesPériode de détention
1Pierre et Nelly Jeantet (achat terrain, construction de la villa)1875-1877
2Joseph et Victorine Sauvignon (achat, maison non payée)1877-1880
3Alban Fradin de La Linières (achat aux enchères)1880-1904
4Julie Fradin de La Linières (héritage)1904-1907
5Louis Leroy (achat)1907-1911
6Marie Nunc De Thierry Villemont (achat aux enchères)1911-1917
7Marie Joussemet veuve Frick (achat)1917-1931
8Fondation Orphelins Apprentis d’Auteuil (achat)1931-1939
9Jean Carpot puis sa veuve Marcelle Klein Carpot (achat)1939-1963
10APAS MT BTP du Rhône (achat)1963-1990
11APAS OS BTP du Rhône (transfert de propriété)1990-1997
12SCI Les Flots (achat)1997-2005
13SCCV CAP Genêts (achat)2005-2009
14Copropriété de 14 lots dont des logements sociaux2009-____

Documentation
Cadastre, Archives Départementales de La Rochelle
L’atelier des photographes du XIXᵉ siècle
Internet, IGN Géoportail
Convertisseur des francs en euros : Insee
Photos personnelles