Cet établissement commercial est emblématique du centre bourg d’Angoulins. Construit de 1860 à 1867, il est à l’origine un hôtel, restaurant et bar. À l’aube de la création de la nouvelle ligne de chemin de fer et de l’essor des bains de mer, il profitera des bienfaits du tourisme. Lieu de vie et de loisirs, l’accueil des voyageurs cessera après la Seconde Guerre mondiale. Reste le débit de boissons, complété par la suite de la vente de tabac, des jeux comme le tiercé et le Loto, puis récemment de la presse. Des générations d’Angoulinois, dont votre serviteur, ont fréquenté — et fréquentent toujours ! — cet établissement situé entre l’ancienne cure et l’église Saint-Pierre. La concurrence ayant aujourd’hui disparu, le café des Charentes — ou Les Charentes tout court — est indispensable à l’animation du village et à la préservation du lien entre les habitants. Une véritable institution !
Au début était une grange…
Le 24 septembre 1860, chez Maître Cumin, notaire à Angoulins, Louis Girard, boucher, tient la plume et signe l’acte de vente d’une vieille grange à Jean et Sophie Baffour. Il l’a reçu en succession de son père, mais l’usufruit appartient à sa mère Suzanne. Placée à l’hospice de Lafond par suite d’aliénation mentale, ses biens sont dévolus en pleine propriété aux enfants. Cette grange est entrée dans la famille Girard en 1828 : elle a été acquise aux sœurs Pauline, Marguerite et Elisabeth Demurat (ou De Murat).
Il existe une branche de la famille De Murat à Périgny, issue de la noblesse de France. J’ai trouvé une Marguerite née en 1765. Dans l’acte de Me Cumin, les sœurs demeurent dans la Vienne. J’ai trouvé l’acte de décès de Pauline en octobre 1829 à Poitiers : elle est comtesse, chanoinesse de Saint-Martin de Salles.
Jean Baffour, de la Sarthe où il a vu le jour en 1817, est entrepreneur de maçonnerie. Il est l’époux depuis janvier 1847 de Sophie Véron d’Angoulins où elle est née en 1823. De cette union naît, en 1849, une fille unique, Mélanie.
En ce jour de signature, Jean est déjà propriétaire d’une autre grange. Sur la photo ci-dessus, elle correspond à l’emplacement de la maison de droite. Elle est mitoyenne avec celle dont il vient de finaliser l’achat. Cet ensemble voisine le jardin de la cure situé juste derrière. En bon artisan maçon qu’il est, Jean réhabilite les deux granges pour en faire les deux maisons jumelées. Peut-être pas simultanément, car leur style diffère, mais dans un laps de temps assez court. En effet, le cadastre de 1867 montre que l’emprise est la même qu’en 1948.
Le recensement de 1851 indique que Sophie Véron est déjà aubergiste cafetière. Peut-être dans la « grange » de droite, car la cure est toute proche d’après le document, ce que nous verrons plus bas en 1896. Somme toute, cette situation semble logique : acheter la grange de gauche permet d’étoffer l’entreprise et de créer le futur hôtel.
Le mariage de Mélanie
Le 25 juillet 1871, Mélanie, la fille du couple, épouse Gustave Bouffard, cultivateur né en 1848 à Thairé. À une lettre près, Baffour est l’anagramme de Bouffard, plutôt rigolo !
Cet acte apporte un indice important sur les activités des parents de Mélanie. Son père Jean est toujours patron maçon et sa mère Sophie exerce la profession d’aubergiste. Elle a été à bonne école, car ses parents Charles et Victoire font le même métier. Sophie tient le premier hôtel des Charentes, elle est secondée par Jean, car un document des Archives Départementales indique qu’il est maçon et aubergiste. À l’aube de l’inauguration de la gare d’Angoulins (décembre 1873), l’arrivée du train devrait conforter l’activité. Cependant, le couple va cesser l’exploitation de l’établissement avant leur décès survenu à tous deux en 1889.
Les annuaires du XIXᵉ siècle apportent des renseignements précieux sur les commerces présents dans les communes. En 1877, il n’y a pas d’hôtel restaurant à Angoulins, mais cet annuaire est peu précis. En 1889, deux hôtels restaurants sont tenus par un Gaillard et un Penisson, sans plus de précision.
Source Denis Briand pour les annuaires
Louis Penisson et Adèle Guichard tiendront l’hôtel du Parc (ancien château d’Angoulins) à partir de 1896. Ils n’ont pas dirigé les Charentes. D’autant que lui est forgeron et elle sans profession sur le recensement de 1891 ! De quoi en perdre son latin ! Quant à Gaillard, aucune idée. Peut-être du côté de Châtelaillon, car ce territoire fait partie de celui d’Angoulins jusqu’en 1896.
En 1889, Mélanie est déjà propriétaire des immeubles. Elle les a reçus en donation. Son mari Gustave, témoin du décès du beau-père, est cafetier à Rochefort. Une question se pose : Sophie est-elle disposée à rouvrir l’hôtel ?
1891, l’hôtel des Charentes est affermé
La réponse semble positive ! En mars de cette année 1891, Gustave Bouffard publie une annonce dans la presse locale. Pour la première fois, l’hôtel des Charentes va être confié à un locataire à compter du jour de Noël pour y tenir l’hôtel, et son café restaurant.
On l’a vu, les recensements donnent des indices sur la situation de l’établissement. Sachant qu’il est mitoyen du jardin de la cure, le nom de l’heureux élu doit être tout proche de celui du prêtre. Le recensement de 1896 le confirme.
Attention, ouvrez bien vos neurones !
Louis Peltier (dit Charles) est né en 1846. Il est l’époux de Victoire Lambert (dite Mélanie) née en 1853. Ils sont tous les deux originaires d’Angoulins. L’hôtel des Charentes reste dans la famille : Victoire Mélanie est la cousine germaine de Mélanie Bouffard. Leurs mères sont sœurs. Louis et Victoire ont une fille née en 1877, prénommée… Mélanie (Marguerite sur le recensement). Tout le monde suit ? Parfait.
Charles est avant tout un cafetier. Mélanie, sans profession d’après le recensement, s’occupe de la partie hôtelière composée de onze chambres. Leur fils, Charles Victor, né en 1872 à Angoulins, fera une carrière exceptionnelle dans la médecine militaire.
1920, Fernand Pigeonnier rachète l’hôtel
En septembre 1919, une annonce de vente à l’amiable est publiée dans la presse rochelaise. Le 10 mai suivant, l’hôtel change de propriétaire. Après 40 années de gestion par la même famille, Fernand Pigeonnier (1878-1931) s’en porte acquéreur pour la somme de 22 000 francs payés comptant. Propriétaire et cultivateur à Angoulins, mais aussi marchand de biens, il sera maire du village de 1925 à 1931.
L’hôtel dispose de 11 chambres. Les grandes pièces du rez-de-chaussée servent à l’organisation de bal et de réunions. Entre les deux guerres s’y déroulaient les assemblées générales du Crédit Agricole. Ces deux grandes pièces ont toujours existé.
Quant au lot numéro 3 de l’annonce, la route de La Rochelle est l’actuelle avenue Edmond Grasset, rien à voir avec notre hôtel.
Fernand sera propriétaire le jour de la signature, mais il en aura la jouissance à compter du 29 septembre 1920, au départ des locataires actuels. Cette clause lui permet d’économiser 336 francs. Y’a pas de petites économies !
En 1921, Fernand revend l’hôtel
Douze mois plus tard, en mai 1921, Fernand se sépare de l’hôtel. La vente est conclue pour la somme de 27 000 francs avec Gabriel Lequatre (1879-1922) et son épouse Rose Alizard (1885-1978). Lui est originaire de Bransat dans l’Allier, à quelques kilomètres du village de Saint-Pourçain-sur-Sioule, connu pour son vin AOP. Son père est restaurateur. Rose vient de Moulins dans le même département. Elle est issue d’une famille modeste.
Rose commence l’exploitation, secondée par Gabriel, employé aux chemins de fer. Malheureusement, celui-ci décède à 43 ans en septembre 1922 à Gannat dans l’Allier. Le couple a une petite fille de 12 ans, Alice.
Gabriel semble bien participer à la gestion de l’hôtel, tout en assurant son service aux chemins de fer. En effet, en avril 1921, il sollicite l’autorisation du conseil municipal pour l’installation d’une terrasse « avec tente », sur toute la longueur du bâtiment, mais sans dépasser trois mètres de largeur. Autorisée par le maire Edouard Pigeonnier, le père de Fernand, une redevance annuelle d’un franc par m² est demandée. Pas cher !
1924, Rose se remarie
Le 6 octobre 1924, Rose épouse à la mairie d’Angoulins Jacques Lecatre (avec un c). Il est le frère de Gabriel. Il est né en 1875 à Bransat. Le couple habite une maison près du port du Loiron. Ils y possèdent aussi une petite buvette pour les touristes. Sur un écriteau est écrit « annexe de l’hôtel des Charentes ». Ils pourront en continuer l’exploitation, mais devront retirer le panneau après la vente du fonds en 1925.
ℹ️ Lire aussi : le port du Loiron
1925, le fonds de commerce est vendu
En juin, Jacques et Rose décident de céder le fonds de commerce. Peut-être pour raison de santé : en effet, Jacques décède le 22 janvier 1926 à Angoulins dans sa maison de Loiron. Il avait 51 ans. Décidément, le sort s’acharne sur cette famille. Détail important, la tenue d’un conseil de famille en janvier 1925 a désigné un autre frère Lecatre, Gabriel Gilbert, comme tuteur de la petite Alice.
Les nouveaux locataires du fonds de commerce sont François Lerebours, mécanicien de 44 ans, et son épouse Maria Alphonsine Darcan, 46 ans. Le bail est signé le 18 juin 1925 chez Maître Menon de La Rochelle, bien que le couple soit déjà aux manettes depuis le premier mai. Lui est né à Paris en 1881, elle à Veigné (37) en 1879. Ils ont la faculté d’acheter les murs pendant un délai de 10 ans.
Le fonds est mis en location pour 20 ans. Il appartient à Rose et à sa fille Alice depuis le décès de son premier mari et père de la fillette. L’acte notarié décrit très précisément les biens cédés, des 11 lits en fer et cuivre équipant les chambres, aux 20 verres à liqueurs en passant par les 80 serviettes de table. Un piano mécanique équipe la grande salle du bas, un billard et ses accessoires la salle de café (il y restera un paquet d’années). Le stock des sirops et des alcools — 36 références — est détaillé, mais pas encore de Pineau derrière le comptoir.
En effet, dès 1920, la filière du Pineau s’organise pour obtenir, en 1935, le statut de vin de liqueur d’Appellation d’Origine. C’est le 12 octobre 1945 que le Pineau des Charentes connaît un véritable essor en devenant Appellation d’Origine Contrôlée.
pineau.fr
Une clause de non-concurrence interdit aux Lecatre de créer un hôtel restaurant avec débit de boissons dans le village.
1926, Rose veut sortir de l’indivision
Au printemps de cette année, la presse locale annonce la vente sur licitation des murs de l’hôtel. Rose a demandé au Tribunal civil de La Rochelle un jugement lui permettant de sortir de l’indivision avec sa fille Alice, âgée maintenant de 17 ans. Son oncle tuteur Gabriel Gilbert Lecatre désapprouve. Assigné par Rose, il est sommé par huissier de la représenter au Tribunal de La Rochelle. Habitant l’Allier, sans avocat, il n’y viendra pas. Bref, il est considéré comme défaillant et rien ne s’oppose à la mise aux enchères.
Le 21 juillet, l’audience publique est ouverte au Tribunal. La mise à prix est fixée à 50 000 francs. Une première bougie s’éteint sans enchère, puis deux autres. L’avocat de Rose, Maître André Durieu, demande au Tribunal de baisser le prix à 30 000 francs. Accordé ! Une bougie est allumée. Me Durieu propose 32 000 francs. Son confrère Me Monté renchérit à 32 100 francs. Me Durieu 34 000 francs. Nouvelle contre proposition de 34 100 francs. La dernière enchère de Me Durieu est la bonne : 35 000 francs. La bougie s’éteint puis deux autres sans plus d’enchères. L’adjudication lui est accordée. L’oncle absent sera notifié du jugement par huissier.
Nous ne saurons jamais pour qui Maître Monté enchérissait. Toutefois, son confrère Durieu n’a pas fait monter les enchères pour un rachat éventuel de sa cliente Rose. Trois jours plus tard, il indique au Tribunal qu’il agissait pour le compte d’un tiers, Robert Vedeau, négociant.
Cette pratique a un nom : c’est la déclaration de command (sans e) ou déclaration d’ami. L’acquéreur réel d’un immeuble mis en vente ne souhaite pas toujours que le vendeur connaisse son identité lorsque la vente se réalise. Il se fait représenter par une autre personne, un avocat, par exemple, qui apparaît lors de la vente, mais qui s’efface ensuite dans le cadre de cette déclaration.
Robert Vedeau est né en 1902 à Angoulins. Il est marié depuis quelques mois à Marie Antoinette Pitre, née la même année à Fontenay-le-Comte en Vendée. Marie est la sœur de Simone, l’épouse de Gustave Guichard, troisième du nom, famille bien connue d’Angoulins. Robert est le petit-fils de Louis Penisson et Adèle Guichard, hôteliers du Domaine du Parc en 1896 (actuelle mairie), cités plus haut. Une grande famille d’entrepreneurs !
N’oublions pas que l’hôtel est actuellement dirigé par François et Maria Lerebours. Robert ne changera rien à cette situation.
1929, les Lerebours achètent les murs
En effet, les deux couples ont rendez-vous ce lundi 25 novembre dans l’un des petits salons de l’hôtel des Charentes. Maître Henri Billault, notaire à Châtelaillon (il n’y a plus d’étude à Angoulins depuis le décès d’Émile Chevalier en 1928) est chargé d’authentifier cette vente.
L’hôtel n’a pas subi de changement. Il est toujours composé de deux grandes pièces au rez-de-chaussée, de ses deux salons, onze chambres à l’étage, la cour derrière avec ses cabinets d’aisance, la buanderie, etc. Seule différence notable : à proximité, une maison de trois pièces au RDC avec son jardin entouré de murs (rue du Château Gaillard vraisemblablement). Le prix est de 27 000 francs, payable en 4 annuités de 6 750 francs au taux de 7,32%.
Robert Vedeau n’a pas fait une bonne affaire. En effet, il a perdu 8 000 francs en trois ans… Une belle somme à l’époque. La crise financière et économique de 1929 y est peut-être pour quelque chose…
Les Lerebours gèrent paisiblement l’hôtel jusqu’en 1939. Pendant la guerre, l’hôtel est réquisitionné par les allemands. Maria Lerebours, veuve, et son employée Gaby Moreau se réfugient dans une ferme de Chaix en Vendée. Mais, cette situation ne va pas empêcher une nouvelle cession.
Gabrielle Moreau (1896-1987) est parente de la famille Mossé. En 1925, elle épouse Marcel Ruppé puis, en 1957, Gustave Mossé. Ce dernier est le fils de Jeanne et d’Adolphe Mossé, entrepreneur à Angoulins où il avait deux entreprises.
ℹ️ Lire aussi : la famille Mossé
1942, Abel Guérin, nouveau propriétaire
Maria est devenue l’unique propriétaire de l’hôtel. En effet, son époux Eugène est décédé le 13 septembre 1939 à Angoulins, 11 jours après le début de la guerre. Il avait 58 ans. Il n’a laissé aucun testament, n’a aucun héritier légitime ou naturel.
Avant de mettre en vente, Maria demande au Tribunal Civil de La Rochelle de valider sa qualité d’héritière. Le jugement est rendu le 23 avril 1941. Un affichage est fait dans la presse locale. En l’absence d’opposition, la vente peut se faire.
Un rendez-vous est pris ce 23 septembre 1942 chez Maître Asselin, notaire rochelais. Les nouveaux propriétaires (des murs et du fonds) sont Abel Guérin, 46 ans, et son épouse Suzanne Jacques, 41 ans. Ils sont tous deux nés à La Rochelle. Abel est un ancien commerçant.
De la description des biens vendus, trois détails à noter : les acheteurs prennent possession d’un chai rue du Château Gaillard situé de l’autre côté de l’hôtel ; l’hôtel dispose maintenant de 7 chambres au lieu de 11 ; pour la première fois est notée une cave sous l’une des deux maisons de l’hôtel. Par la même occasion, ils deviennent aussi propriétaires d’un terrain de 1000 m² aux Russons, dans le secteur de l’actuelle rue des Goélands.
Une cave existe bien sous le sol du café des Charentes, mais elle n’est pas accessible par l’établissement et ne sert pas à l’exploitation. De cet endroit voûté, il existerait des ouvertures maçonnées. Derrière celles-ci, des tunnels semblent venir de l’église Saint-Pierre. D’après un témoin, un escalier de la basse église – la partie la plus ancienne — permettait l’accès à un sous-sol. De là, un tunnel relierait la cure, rue du Château Gaillard : le café est juste entre les deux ! Ces ouvrages auraient été construits pendant les guerres de religion ou même avant. On sait que l’église était menacée par les protestants rochelais, leurs intentions étaient loin d’être amicales. D’autres tunnels existeraient dans le vieux bourg. Un réseau bien utile pour la protection de nos catholiques Angoulinois.
Le couple Guérin est à l’origine de la fermeture de l’hôtel. Les chambres seront par la suite aménagées en appartements. Certains attachés au bar, d’autres loués et parfois même vendus (découpe du bien).
Raymond, le neveu des Guérin
Dans les années 1950, le couple Guérin passe la main au neveu de Suzanne, le fils de son frère Henri : Raymond Jacques. Il n’a pas racheté les murs ou le fonds, il y est juste employé.
Raymond est aussi originaire de La Rochelle. Il y décède en 2006 à l’âge de 83 ans. Quant à Abel, il meurt à La Rochelle en 1966, son épouse Suzanne en 1975.
Juillet 1962, le couple Chaigneau rachète le café
Simonne Belaud et son époux Marcel Chaigneau sont originaires de Vendée, elle de Vouvant où elle a vu le jour en 1920, lui de Saint-Maurice-des-Noues où il est né en 1914.
En juillet 1962, ils prennent possession des murs et du fonds de commerce. D’importants travaux sont engagés, dont la création des vitrines de droite, donnant pour le coup un aspect bien plus moderne et lumineux à l’établissement.
Le fonds de commerce est au nom de Simonne mais son époux l’assiste dans ce métier difficile. Marcel se levait tôt pour accueillir les ostréiculteurs avant de partir au travail. Il les revoyait le soir pour boire le coup avant de rentrer à la maison. Faut jamais rester sur une patte !
Certains ont connu Marcel avec un bandeau sur un œil. Ce malheureux accident est survenu après une altercation avec un jeune Angoulinois. Un procès et un arrangement ont conclu cette affaire.
Le bar se remplissait aussi des ouvriers d’Alsthom (aujourd’hui Alstom) dont le car avait la bonne idée de s’arrêter tout près, place de la République. Un peu comme les cars des touristes devant les boutiques de souvenirs.
Depuis 1975, l’établissement possède l’autorisation de vendre le tabac. Dans la grande salle à gauche, tout près du billard et des flippers, un comptoir pour jouer au récent Loto accueille les futurs millionnaires.
Marcel décède en 2009 à La Rochelle. Cinq ans plus tard, Simonne le rejoint. Ils sont tous les deux inhumés au cimetière d’Angoulins.
Petit aparté sur la concurrence
Angoulins possède quelques bars à cette époque. Citons le café des Sports, tenu dans les années 1920 par le père de Robert Vedeau, Maxime, et son épouse Adèle Penisson, la fille de Louis Penisson et Adèle Guichard.
Certains ont connu le café de la Place, à l’emplacement de la crêperie et de la pizzeria actuelles, devenu après l’Amiral puis l’Amirauté. De quoi étancher sa soif !
1984, Jean-Paul Motard au guidon des Charentes
En 1984, Simonne vend les murs du café à un couple, Jean-Paul Motard et son épouse Jeanne. Ils sont tous les deux originaires de la Gâtine dans les Deux-Sèvres.
La première année d’exploitation est difficile. L’entretien du propriétaire précédent a été quelque peu négligé. D’importants travaux de remise en état sont enclenchés. Les murs de la salle de jeux, située à gauche, sont ouverts. En 1985, Jean-Paul obtient l’autorisation d’exploiter le PMU, ce qui apporte un surcroît d’activité à l’établissement, surtout côté bar…
Le couple Motard restera seulement trois années au comptoir. En 1987, ils cèdent le fonds de commerce. Différents locataires se succèdent (Madame Joguet, Guy Beauvannier) jusqu’en 2008, année de cession des murs. À cette époque, les Charentes sont un bar, tabac, Loto et PMU.
Ce couple de 90 ans habite encore les Deux-Sèvres.
De 2008 à aujourd’hui.
En 2008, les murs sont vendus au locataire en place depuis 2007. Une année mise à profit pour constater la viabilité de l’affaire ! Ce nouveau propriétaire récupère la presse longtemps installée à l’angle de la rue Thiers et de l’avenue Edmond Grasset, en face de la place de l’Église.
J’allais y chercher mon PIF Gadget quand j’étais gamin, la boutique était alors tenue par Raoul Sacré.
Avec ce rachat, les Charentes deviennent un commerce proposant une palette de services indispensables à l’animation du centre bourg. En 2013, le café devient la propriété d’un couple. Il exploite le fonds jusqu’en 2019, le met en location et continue d’habiter notre beau village. Les derniers locataires, auparavant restaurateurs en Côte-d’Or, ont pris les rênes de cette pépite (dixit un ancien propriétaire) en avril 2023.
Documentation
Archives Départementales de La Rochelle
Mes remerciements aux anciens et actuels propriétaires des murs des Charentes, spécialement à Claude Chaigneau, le fils de Simonne et Marcel.