L’église Saint-Pierre-ès-Liens d’Angoulins date du Xe siècle. Sa fondation est antérieure à l’an mille et les premiers textes où elle apparaît remontent au tout début du XIe siècle. Dans les premiers temps, elle fait l’objet de donation à divers établissements religieux.
Comme évoqué dans l’histoire du village, l’édifice arrivé jusqu’à nous est celui du quartier terrestre. L’église Saint-Nazaire du quartier maritime a disparu depuis longtemps, avalée par les flots. Les habitués de cette paroisse doivent alors fréquenter l’église Saint-Pierre.
Celle-ci est classée monument historique le 2 janvier 1908. Plusieurs objets et mobiliers sont aussi classés dont un calice de la sacristie daté de la fin du XVIIIe siècle (MH 1988).
Saint-Pierre est avec Sainte-Radegonde les deux édifices religieux encore présents à Angoulins.
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Un tertre énigmatique
L’église est perchée sur un tertre de quelques mètres de hauteur. Il faut parfois gravir quelques marches pour y accéder. Ce rehaussement est une énigme. Les archéologues penchent pour un but défensif, finalité qui se retrouvera du côté architectural.

Un cimetière tout autour
Un peu partout en France et jusqu’à une époque récente, les inhumations se font autour de l’église. Le cimetière d’Angoulins n’échappe pas à cette praticité. Il faut attendre 1883 pour que celui-ci soit déplacé au lieu-dit Les Fourneaux.
Quelques inhumations ont cependant eut lieu dans l’église, au moins quatre membres de la famille Gabaret, seigneurs d’Angoulins, reposent sous la nef.


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Une église dédiée à Simon Pierre (l’enchaîné)
De très nombreux édifices sont consacrés à cet apôtre. La terminaison « -ès-Liens », existant aussi sous la forme « -aux-Liens », se retrouve dans un nombre important de bâtiments religieux. Elle met l’accent sur l’emprisonnement par les romains de Simon Pierre, les pieds enchaînés. À Rome, une basilique mineure lui est dédiée.
La bio express de Simon Pierre
Source internet
Pierre, de son nom de naissance Siméon Bar-Yonah (Simon, fils de Jonas) est un juif de Galilée, pêcheur sur le lac de Tibériade. Il est né aux alentours de zéro, mort vers 64 à Rome.
Simon et son frère André sont les premiers disciples de Jésus. Le Christ lui donne ce nom de Simon Kephas ou Céphas, terme araméen signifiant « roc », qui devient en gréco / latin « petros, petra », ni une ni deux, voilà pourquoi Simon se nomme maintenant Pierre !
Par la suite, il devient le chef des premières communautés chrétiennes, malheureusement vite persécutées par les romains. Arrêté, emprisonné et enchaîné, Simon Pierre reçoit la visite d’un ange qui le libère de ses liens.
Il est le premier évêque (et pape) de Rome. De nouveau arrêté par l’empereur Néron, il est crucifié à Rome, la tête en bas.
Prince des apôtres pour les Catholiques, Saint-Pierre est fêté le 29 juin.
Et moi, Je te dis que tu es Pierre et que sur ce rocher je construirai mon Eglise, et les portes du séjour des Morts ne l’emporteront pas sur elle.
Paroles de Jésus à Pierre, Nouveau Testament, Mathieu 16.18
Cette libération angélique est illustrée par un magnifique tableau installé au dessus de l’autel. Cette grande peinture a été commandée en 1892 au peintre Charles Fouqueray (1869 Le Mans – 1956 Paris). Elle a été peinte dans l’église de Fouras, commune où est né son père Jules en 1838. L’intégration sous l’arc de la voûte est magistrale.
Ado, ce tableau me fascinait (ne me demandez pas pourquoi !).

Une église profondément remaniée au cours des siècles
Pour apprécier toutes les évolutions qu’a connues cette église peu commune, je vous invite à la visiter. Une exposition permanente, très bien documentée, présente les différentes étapes architecturales à travers les siècles.
Issus de cette exposition, ces croquis permettent de bien comprendre les importants remaniements.

① Église primitive en croix latine. ② Premières fortifications. ③ Agrandissement de la nef.
④ Destruction du clocher et nouvelle entrée. ⑤ Grands travaux de restauration (1860…)
Source : croquis d’Elsa Ricaud, architecte. Exposition permanente de l’église. Utilisation autorisée par la mairie d’Angoulins.
Aux XIIe et XIIIe siècle, l’église se présente sous la forme d’une croix latine dont le chevet est circulaire. Un clocher carré s’élève au dessus du bras sud du transept. Très peu de vestiges de cette époque nous sont parvenus.

Au XIVe siècle, devant les menaces en tout genre et les guerres de religion, le pape Sixte IV encourage par des indulgences la contribution des paroissiens pour la rénovation et l’entretien de l’église. Elle se fortifie, comme ses voisines en Aunis (Esnandes, Courçon, Thairé). Ces nouvelles défenses entourent le bâtiment y compris la tour carrée.
Arrive le XVe siècle. Le transept nord est détruit et une nouvelle nef, édifiée en parallèle, double la surface intérieure. Côté est, les mâchicoulis sont prolongés et une troisième tourelle est construite. Un chemin de ronde reliait les tourelles, il a aujourd’hui disparu. À l’opposé, la façade ouest se fortifie.
Aujourd’hui ces fortifications sont encore visibles. Il faut savoir qu’elles n’étaient pas du tout appréciées des protestants de La Rochelle qui souhaitaient que l’église soit démolie. Le 5 mars 1622, ils ordonnent la démolition des fortifications, en vain.

Le premier registre paroissial est ouvert en 1594. Au XVIIe siècle, notre église connaît des moments difficiles. Elle est ruinée, les voûtes du plafond ont disparu. Le clocher carré a été détruit, il ne sera jamais reconstruit. À sa place, un nouveau portail permet l’accès à la nef principale. Les réparations s’enchaînent au fil des années jusqu’en 1860 où il est décidé de procéder à une importante rénovation.



La rénovation du XIXe (à partir de 1860)
En 1860, l’architecte rochelais Ernest Massiou élabore les premiers plans de restauration. Quatre ans plus tard, la nef est remaniée et devient plus harmonieuse. À partir de 1883, les défunts ne sont plus inhumés autour de l’église.
Un an après le début de son mandat (1883-1889), le maire Edouard Cumin confie les plans de Massiou à l’architecte saintais des monuments historiques Eustase Rullier. Changement de cap : il est décidé de diviser la nef en trois parties. L’entrepreneur André Seyrat est chargé des travaux, des colonnes sont érigées et les plafonds sont voûtés en briques. Les dallages sont posés et de hautes fenêtres sont créées. Elles vont recevoir de magnifiques vitraux, commandés en 1885 à l’atelier Gustave Dagrant de Bordeaux. Ils sont donnés à l’église par les sœurs Personnat, Clémence et Léopoldine.
Une nouvelle place publique est aménagée en 1901 autour de l’église. Depuis lors, elle connaît différents travaux de restauration et de rénovation. L’autel actuel date de 1954.
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Un patrimoine exceptionnel au cœur du vieux bourg
Son positionnement sur un tertre, ses fortifications encore visibles, l’absence de vrai clocher, les très beaux vitraux et le grand tableau de Fouqueray confèrent à l’église Saint-Pierre-ès-Liens d’Angoulins une originalité remarquable. Une visite s’impose !
Galerie de photos












Documentation : exposition permanente dans l’église.
Mes remerciements à la mairie d’Angoulins pour l’utilisation des croquis d’Elsa Ricaud.