En avril 1893, la commune d’Angoulins rachète le Domaine du Parc à Elisa Monlun, épouse du marquis Théodore Leclerc de La Verpillière. L’objectif est d’installer les services municipaux dans des nouveaux locaux, spacieux et fonctionnels. Et, plus urgent, de construire une nouvelle école car les enfants du village sont de plus en plus nombreux. Auparavant, la mairie et l’école étaient situées dans une cour donnant sur la Grande rue, actuelle rue Gambetta et deux autres classes dans une maison rue du Château Gaillard.
Une brève histoire des écoles terminera cet article.


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Situation de la cour Gambetta, au cœur du bourg

En 1874, la commune complète un achat de 1854
En 1874, le maire d’Angoulins est Jacques Gilbert. Né en 1817 aux Grandes Maisons à Angoulins, il a épousé en 1845 sa cousine Isabelle Guenier Labletterie (1822-1894). Propriétaire cultivateur, il est élu maire en 1871 et le restera jusqu’en 1883.
Quelques mois auparavant, en mars 1873, la mère d’Isabelle, Madelaine Gilbert (1798-1873, épouse de Pierre Guenier Labletterie, 1789-1831) décède. Madelaine est propriétaire de biens dans cette cour de la Grande Rue. Le « gendre maire » y voit une occasion de compléter et de rassembler à cet endroit toute l’administration communale. Mais étant partie prenante dans la succession, Jacques Gilbert a besoin de l’autorisation du préfet pour conclure l’affaire.
Le 17 décembre 1873, la cession est autorisée. Le 7 janvier suivant, le maire adjoint, Pierre Bironneau (1820-1890) signe l’acte de cession avec les sept indivisaires chez Maître Edouard Cumin, notaire à Angoulins.
Cette nouvelle acquisition complète la vente intervenue en mai 1854 de la maison à droite de la cour, en bordure de la rue. Le propriétaire à l’époque n’est autre que le maire en exercice, Jacques Gilbert. Cette cession avait coûté à la commune la somme de 1700 francs. Le conseil municipal, présidé par André Charpentier (1807-1876), avait donné son accord, sous couvert de l’autorisation du préfet.
Maître Édouard Cumin succédera à Jacques Gilbert en 1883 à la tête de la commune. Pour une raison inconnue, il démissionne en 1889 au profit de Gustave Guichard (1er). Ce dernier sera maire 22 ans, la plus longue mandature depuis 1800.
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Un centre administratif au cœur du bourg
La maison vendue par Jacques et Isabelle en 1854 abrite depuis cette date la mairie et le logement du garde-champêtre. Elle dispose d’une grande chambre basse sur la rue, une petite écurie au midi, deux chambres (basse et haute) avec une banquette en plate-bande.
Il y a un poulailler et un taie (abri de cochon) à côté de l’écurie. Une petite porte à côté de la maison permet d’entrer avec une charrette.
La nouvelle acquisition comprend un corps de bâtiments et des dépendances. Ils donnent sur une vaste cour dont on rentre par un portail et une petite porte. L’ensemble fait 920 m². Dans cette cour, un puits et un gibet ! Un chai va servir à entreposer tout le matériel de la mairie. Au fond à droite, une maison, chambre basse et haute, va devenir la nouvelle maison école des filles avec son unique salle de classe. Une seconde maison comprend deux chambres basses et une haute. Il est construit une salle de police, une prison et un chai pour la servitude du garde-champêtre. Un corridor dans le coin en haut à droite permet d’aller dans le grand jardin de presque 1.000 m². Un petit appentis abrite le corbillard. En 1876, dans la continuité de la prison, le long de la rue, la Société de Secours Mutuels édifie un local à son usage.
Une maison école pour les filles existe déjà dans la commune. Elle appartient à un particulier Monsieur Pinet. Une situation anormale. Le conseil municipal étudiera divers projets d’acquisition jusqu’à cette année 1874.
Lors des travaux de viabilisation de cette cour, des fragments d’une cruche datée du XVème / XVIème siècle ont été découverts. Source Denis Briand
La Société de Secours Mutuels
Le 6 août 1876, la séance extraordinaire du conseil municipal, sous la présidence du maire Jacques Gilbert, autorise la Société de Secours Mutuels à construire un local pour accueillir et assister les angoulinois dans le besoin.
Le 10 août suivant, le même conseil indique : la société ne pourra faire en dedans de la cour commune aucune porte qui lui permette qu’elle voit mais elle fera établir ses ouvertures du côté de la rue pour qu’il n’y ait aucune communication ni avec la mairie ni avec la maison école placée au fond de ladite cour. La société devra chaque année entretenir à ses frais la construction qu’elle aura élevée et si pour une raison ou pour une autre la société venait à se dissoudre, la commune récupérerait de nouveau la salle en question et la société ne pourra prétendre à aucune indemnité pour cause de cet abandon. Le maire, Gilbert
Confidentialité et responsabilité sont les mamelles du secours mutuel !


1948, la société fusionne avec une mutuelle
Le 1er juillet 1948, la Société de Secours Mutuels d’Angoulins fusionne avec celle, de type mutualiste, des Arts et Métiers installée à La Rochelle. Cette dernière deviendra la SMAM, qui, en 2015, fusionnera avec la SMIP (Services Mutualistes des Individuels et des Professionnels, créée en 1929) pour devenir la mutuelle APIVIA, bien connue dans notre région pour être un sponsor de premier plan du Stade Rochelais.

Une brève histoire des écoles
Au cours du XIXème siècle, les besoins d’Angoulins pour recevoir les enfants à l’école se font de plus en plus pressants. Le corps des instituteurs est créé par une loi de 1792. Une ordonnance de 1816 prescrit la création dans chaque commune d’une école primaire, gratuite pour les indigents. En 1833, la loi Guizot oblige les maires à ouvrir une classe primaire pour les garçons. En 1867, la loi Duruy en rajoute une couche en rendant obligatoire la création de la même classe pour les filles sans que cela coûte un sou aux parents. Puis par deux lois de 1881 et 1882, Jules Ferry rendra l’enseignement obligatoire, gratuit et laïque.
On l’a vu un peu plus haut, une nouvelle maison école reçoit les filles dans la cour Gambetta depuis 1874, en remplacement d’une maison dont la commune n’est pas propriétaire. L’école de garçons située au 23 rue du Château Gaillard, derrière le presbytère, n’est pas assez grande pour accueillir plus d’élèves. Leur nombre est un problème car, en 1883, les effectifs de la classe sont de… 72 élèves pour 48 mètres carrés ! Des inscriptions sont refusées. L’inspection académique est régulièrement alertée par les parents d’élèves et les instituteurs.
Il faut attendre 1895 pour que la municipalité réponde à cette démographie galopante par la création de deux nouvelles classes et le regroupement des élèves dans les annexes du château, en face de l’église. En 1909, une classe de maternelle, dite enfantine, est aménagée. Bien plus tard, en 1955 puis 1960, la commune construit derrière la mairie une école primaire, baptisée du nom de Jean Moulin. Scindée en deux bâtiments, le bâtiment des filles porte le nom de la célèbre aviatrice Hélène Boucher. Ces deux nouvelles constructions abritent les classes de CE1 à CM2. Les cours préparatoires sont encore du côté des anciennes classes de 1895.
Dans les années 1960, les naissances sont importantes. Dans l’urgence, la commune décide en 1964 de construire une école maternelle. Des marchés de gré à gré sont autorisés. L’entreprise Pianazza construit en deux ans le bâtiment. L’école Marie Curie ouvre ses portes aux tout petits à la rentrée des vacances de printemps le 7 avril 1967. Elle sera agrandie au milieu des années 1970.
Ces trois nouvelles écoles sont officiellement inaugurées le 19 avril 1969. On prend son temps à Angoulins !
La cantine
Jusqu’à l’ouverture de l’école Jean Moulin, la cantine était située au début de la rue Personnat, vers la salle paroissiale. Pour des raisons pratiques, elle a déménagé à l’endroit où se trouve aujourd’hui la médiathèque.Centre aéré
Au début des années 1960, les classes des filles de la nouvelle école primaire et la cantine servaient de centre aéré aux petits rochelais.
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, ma cousine Martine a fréquenté une classe enfantine installée rue Personnat, dans la propriété du maire de l’époque, Paul Bernard Pigeonnier. Créée bien avant la guerre, cette classe semble avoir existée jusqu’à la construction de la première école primaire en 1955 (Jean Moulin). Certainement encore pour pallier au manque de locaux.


Documentation
Histoire & Patrimoine, Angoulins, Sites et Monuments, Denis Briand, Expression-Hist, 2005
Archives municipales et départementales
Retronews
Wikipédia, Google Maps et Earth, Géoportail et Remonter le temps
Photos personnelles