La villa Oasis


Hormis le château du Domaine du Parc (actuelle mairie), la villa Oasis est sans conteste la plus belle maison d’Angoulins. Elle prit ce nom à sa construction en 1888 et devint ensuite le réputé château de la Sapinière, car les premiers propriétaires agrémentèrent le parc d’une variété importante de résineux. Auparavant, elle se nomma château Saint-Jean, par sa proximité avec l’anse de Saint-Jean-des-Sables.
De 1888 à 2021, la villa Oasis a connu onze propriétaires, sept particuliers, trois collectivités et, enfin, une entreprise de promotion immobilière.

1965, le château de la Sapinière, alors colonie de vacances. Source famille

1888, l’achat des terrains

L’ambition des futurs acquéreurs est grande : ils vont acheter deux terrains appartenant à deux propriétaires différents pour y édifier une belle villa. Succinctement, la première parcelle recevra la maison, le jardin potager et une partie du parc, la seconde, deux fois plus grande, le reste du parc. À l’origine, la séparation des deux est un chemin bifurquant de celui reliant le bourg à Saint-Jean-des-Sables et joignant la maison de l’éclusier.

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Le terrain Gillet
Anatole Gillet (1849-après 1936), rochelais de naissance, est agriculteur puis restaurateur. Il est marié depuis 1882 à Victoire Bayez (1852-après 1936), originaire de Vendée. Anatole a reçu ce terrain par licitation de son frère Améric (1853-1919) après donation partage de leurs parents. Sa surface est de 6 870 m².

Le terrain Barbedette
Ce terrain de 13 250 m² appartient depuis novembre 1885 à Frédéric Barbedette (1858-1927), suite au décès de sa mère Jeanne Poutier (1836-1885). Cette terre est cultivée par la métairie des Veaux Verts, dont le fermage est confié à Pierre Lhoumeau (1838-1905), mon lointain cousin. Le bail se termine fin septembre 1892. Mais, le propriétaire (usufruitier) de la ferme n’est autre que Frédéric Barbedette. La résiliation du bail n’est donc pas un problème.

Le rochelais Frédéric Barbedette a vécu une grande partie de sa vie en Algérie. Il quitte Angoulins vers 1886 pour s’installer agriculteur à Djidjalli (Jijel aujourd’hui). Il y fait une belle carrière politique (maire, conseiller général notamment). Publiciste, il est directeur du journal L’Impartial. En 1912, il est fait chevalier de la Légion d’honneur puis Officier en 1923.
Son père est Hippolyte Barbedette (1827-1901), magistrat à La Rochelle, député, sénateur de Charente-Maritime, écrivain et compositeur. Une rue d’Aytré (et un arrêt de bus sur la ligne 20 qui relie Angoulins !) porte son nom. La famille Barbedette est parente des familles Monlun, Seignette et de La Verpillière, propriétaires du domaine du Parc, actuelle mairie d’Angoulins.

Sur ce cadastre de 1948, on devine au crayon noir les anciennes parcelles du cadastre du XIXème siècle. J’ai schématisé les deux terrains achetés en 1888. La vigne a été acquise en 1896. Source AD17

Signature des actes notariés
Le 17 février 1888, chez Maître Michel, notaire à Angoulins, Anatole Gillet vend son terrain à Alphonse Gauvin et à Marie Thérèse Jolly, son épouse. Quelques jours plus tard, le 10 mars, c’est au tour de Frédéric Barbedette de céder le sien. L’ensemble couvre une surface de 20 020 m².

Petit détour, les Bains Gillet

J’ai mentionné un peu plus haut qu’Antonin Gillet était restaurateur. En effet, son père Pierre (né en 1816) exploite depuis le début des années 1860 une petite affaire de loisirs située plus au sud, les Bains Gillet. Antonin le seconde depuis quelques années. Dans l’acte de vente du terrain Gillet au couple Gauvin, il est écrit que le terrain dispose « d’un corps de bâtiment et dépendances en la commune d’Angoulins près la falaise de l’océan formant l’établissement connu sous le nom de Bains Gillet ». En toute logique, ce bâtiment se trouve donc à l’endroit où la villa va être construite.

D’après les références du cadastre sur l’acte Gillet / Gauvin de 1888, le bâtiment des Bains Gillet se trouvait ici, sous un aspect plus rustique, avec des appontements. Source famille

À ses débuts, les Bains Gillet étaient plus au sud, à la gauche du Fort Saint-Jean de Châtelaillon. Une annonce de L’Écho Rochelais de 1863 nous dit que les bains sont situés « sous la plage du fort Saint-Jean à Angoulins ». N’oublions pas que le village de Châtelaillon fait partie de la commune d’Angoulins de 1824 jusqu’en 1896. Un restaurant, près de l’ancienne abbaye de Sécheboue, complète les bains pour le grand bonheur des touristes d’un dimanche. Se retrouvant isolé sur la plage par la construction de la voie ferrée de 1871 à 1873, l’établissement déménage à Saint-Jean-des-Sables.

Annonces sur L’Écho Rochelais. Il manque un L au nom de famille ! Source AD17
1867, cadastre de Châtelaillon. A l’origine, les Bains Gillet et sa ferme restaurant étaient proches de l’abbaye. Image AD17

1888-1889, la construction de la villa

Revenons à notre villa Oasis ! Le capuchon du Bic du notaire à peine remis en place, Alphonse et Marie Gauvin s’attèlent à sa construction.

Qui sont les bâtisseurs de la villa ?
Alphonse Gauvin est né le 27 octobre 1838 à La Rochelle. Fils d’un tonnelier et d’une lingère, il est, en 1888, un notable de cette ville. Négociant en vin, il opère essentiellement avec l’Algérie. Il s’est bâti une petite fortune et possède de nombreux biens dans la région. Membre du Tribunal de commerce, il siège à la chambre du même nom. Son épouse Marie est née le 11 février 1855 au Gué d’Alleré (25 km d’Angoulins). Son père est aubergiste, sa mère s’occupe de la maison.
Petite anecdote rigolote : dans tous les actes consultés, le prénom d’usage de Marie Gauvin née Jolly est… Angelina. On peut donc affirmer, haut et fort, que le château de la Sapinière a appartenu à Angelina Jolly !

Source Brad Pitt 😄

Dans un acte notarié de 1901, l’agencement de la maison est décrit :
• Construction sur cave.
• Au rez-de-chaussée, hall, salle de billard, salle à manger, cuisine et WC.
• Au second étage : trois chambres dont une avec salle d’eau (la suite parentale en sorte), salle de bains, grand vestibule et WC.
• Au troisième étage, sous combles : trois chambres plus deux autres pièces.
La maison dispose d’un confort peu commun à l’époque : chauffage central, eau aux deux premiers étages. Éclairage à l’acétylène.
La villa est agrémentée de nombreuses dépendances : écurie, remise, buanderie, sellerie, maison de jardinier de trois pièces, vacherie, porcherie, laiterie, poulailler, serres, garage pour bateau, moulin avec éolienne. Ouf ! Question verdure, elle n’est pas en reste : un grand jardin potager, une vigne de 1 300 m², un grand parc, de beaux arbres et des pièces d’eau, l’ensemble patiemment aménagé par le couple.

Une belle photo (années 60 ?) de la façade sud-est de la villa Oasis. L’appareillage des briques rouges et des pierres de taille aux angles est remarquable et confère à la maison un style élégant. Source Internet

1900, la faillite du couple Gauvin

En ce début de XXᵉ siècle, les affaires d’Alphonse Gauvin connaissent une passe plus que délicate. Les dettes sont importantes, il réunit ses créanciers pour négocier, mais ils lui conseillent de déposer le bilan et de liquider l’entreprise. Autre souci, son poste à la Chambre de commerce va être remis à l’élection, il n’est pas certain d’être réélu, car sa réputation est entachée par ses problèmes financiers. Malheureusement, le drame survient ce lundi 12 novembre 1900 : accablé par les circonstances, le couple se suicide en leur domicile du 57 quai Valin à La Rochelle. La consternation est totale en ville et dans le milieu des affaires. La presse locale relate l’évènement.

L’Écho Rochelais du 14 novembre relate avec moult détails le suicide des époux Gauvin. D’après une autre source, la fiole de Laudanum (à base d’opium) avait été rapportée de la villa Oasis par une domestique. Source AD17

1901, l’adjudication de la propriété

Afin d’apurer le passif des défunts, tous leurs biens sont mis aux enchères. Le 10 juillet 1901, la presse publie l’annonce légale de vente de 43 propriétés (maisons et terrains). La villa Oasis est mise à prix 25 000 francs, soit 100 000 de nos euros (quelle belle époque !).
Bizarrement, elle ne trouve pas preneur et fait l’objet d’une seconde annonce le 4 septembre suivant au prix de 15 000 francs. Une misère ! La maison est adjugée à Jules Bocquet, émailleur de Paris, mais la vente est contestée par un rentier rochelais, Ludovic Chamberlin. L’affaire était trop bonne ! Ce dernier obtient satisfaction et une nouvelle vente par surenchère du dixième est organisée le mercredi 9 octobre au prix de 29 300 francs.

Cette fois, pas de contestation ! Le domaine est adjugé au prix de 29 350 francs (120 000 euros), 50 francs de plus que le prix proposé ! L’heureux bénéficiaire est Monseigneur Émile Le Camus, évêque de La Rochelle et de Saintes. Excusez du peu !

Émile Paul Angel Constant Le Camus est né le 24 août 1839 à Paraza dans l’Aude. C’est un théologien, bibliste, prédicateur et prélat catholique. Le pape Léon XIII le consacre évêque de La Rochelle en 1901 (il le sera jusqu’à sa mort). Il est connu pour ses positions séparatistes lors de la loi de Séparation de l’Église et de l’État en 1905.
Il meurt le 28 septembre 1906 à Castelnaudary (Aude). Son corps est inhumé dans la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle, sous un buste à son effigie.

Source Wikipédia
La sépulture de Mgr Le Camus, cathédrale de La Rochelle. Source Wikipédia

1906, le testament de Mgr Le Camus

La villa semble un lieu de villégiature pour notre évêque, comme l’est le palais d’été de Castel Gondolfo pour notre pape François. Mgr Le Camus a rédigé un testament : la villa est donnée à deux proches collaborateurs, Mgr Aristide Jourdan, vicaire général du diocèse de La Rochelle et Émile Barthe, chanoine, secrétaire général de l’évêché. Une moitié pour chacun. Mais, ils ne souhaitent pas conserver ce lourd cadeau… tombé du ciel.

1907, la vente à Marie Nunc

Effectivement, quelques mois plus tard, Aristide Jourdan et Émile Barthe ont rendez-vous ce 24 mai 1907 chez Maître Poissonnet, notaire à La Rochelle, pour finaliser la vente du bien au profit de Marie Nunc. Née en décembre 1859 à Étalon dans la Somme d’un père tonnelier et d’une mère sans profession, elle achète pour son propre compte. Trois jours plus tard, le 27, elle épouse à Paris — en premières noces — Charles De Thierry Villemont.

La famille De Thierry
Cette famille de la noblesse française est originaire de la Lorraine, le premier anobli au XVIIᵉ siècle était baron de Saint-Baussant (commune de Meurthe-et-Moselle). Des membres de la descendance portent le titre de chevalier. Le grand-père de Charles, James (1804-1855), est chevalier, propriétaire du château de Vaux à Creil dans l’Oise.
Charles est né à Paris en 1861. Il est industriel en 1892. En février 1896, il est adopté par Henri Villemont, second époux de sa grand-mère Henriette Leroy, d’où ce nom accolé au sien. Il décède en 1934 et est inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris.

🤚 Un membre de cette famille a connu un destin exceptionnel. Le grand-oncle de Charles, Charles Philippe Hyppolite De Thierry, né en 1793, est un aventurier. En 1835, il se proclame premier roi de Nouvelle-Zélande ! Il est inhumé à Auckland en 1864. La lecture de sa biographie sur Wikipédia vaut le détour.

Source Internet

Un annuaire des commerces d’Angoulins daté de 1917 cite le baron Charles De Thierry (a-t-il vraiment le titre, j’en doute) à la villa Oasis et à celle de la Motte Grenet mais pour quel genre de commerce ? Un mystère à découvrir.

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En 1927, Marie Nunc achète un terrain à Châtelaillon et y construit une magnifique villa. Regardez son nom : n’est-elle pas le témoin d’une certaine nostalgie d’Angoulins ?
Marie décédera dans la Somme quelques années plus tard.

La villa L’Oasis de Marie Nunc, construite en 1927, rue Albert 1er à Châtelaillon. Image Google Maps

1918, la vente à Robert Delaunay-Belleville

La vente est signée le 6 juin chez Maître Poissonnet, le notaire rochelais attitré de Marie Nunc. Le prix est de 80 000 francs, soit environ 144 000 euros.
Robert Delaunay-Belleville (1876-1938) n’est pas une personnalité ordinaire. Son père est Louis (1843-1912), industriel à Saint-Denis près de Paris. L’entreprise fabrique des chaudières industrielles depuis quelques décennies. En 1904, Robert et son frère Pierre (1870 – décédé après 1949) se lancent dans la production d’automobiles haut de gamme, les… Delaunay-Belleville. La marque est considérée à l’époque comme le summum de la qualité à la française, ses moteurs sont réputés pour être extrêmement silencieux et fiables. Mais, elle disparaîtra en 1948.
À noter que l’entreprise de chaudières possède des ateliers à La Pallice, ce qui explique cet achat à Angoulins.

Au voleur !
En 1911, le premier braquage de l’anarchiste Jules Bonnot s’est fait avec la complicité d’une Delaunay-Belleville, dont les performances et la fiabilité permettaient de déjouer la police ! Belle publicité pour la marque !

Une Delaunay-Belleville de 1913. La forme de la calandre est un rappel du design des tubes des chaudières de la marque. Source Wikipédia (licence CCA)

Devenu propriétaire, Robert rebaptise la villa Oasis : désormais, il habite le château de la Sapinière. Une dénomination plus bourgeoise et prestigieuse pour ce capitaine d’industrie.
Petit détail, Césaire Torchon, le grand-père de Claude Torchon, historien éminent d’Angoulins, était employé par cette famille comme jardinier. Il logeait avec femme et enfants dans la petite maison de trois pièces dédiée à cette fonction.

1922, la vente à François Gaury

Quatre ans plus tard, le 8 août, Robert revend le château à François Gaury. Originaire de La Jarne où il est né en 1872, François est à la tête d’une entreprise de déchargement. Il est marié avec Laurence Orzeckowski, née à Verviers (Belgique) en 1877, pays où ils se sont unis en août 1896.
Au printemps 1904, la distillerie de François, situé au sein du château des Réaulx à Aytré, est en faillite (décidément, le vin connaît une mauvaise période en de début de siècle). En juillet, le château et toute la distillerie sont mis aux enchères. Pour protéger ses biens propres, Laurence saisit le tribunal civil de La Rochelle. Elle obtient satisfaction le 19 octobre.

Adjudication des biens de François Gaury dans L’Écho Rochelais du 2 juillet 1904. Source AD17

Le château des Réaulx d’Aytré n’est pas une demeure comme les autres : il a accueilli le roi de France Louis XIII pendant le siège de La Rochelle en 1627-1628, pendant que Richelieu logeait à la ferme du Pont de la Pierre à Angoulins.

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Robert Delaunay-Belleville cède le château pour la somme de 61 500 francs, c’est-à-dire 71 000 de nos euros. Ce prix est étonnant : en 1918, il avait payé 80 000 francs (soit 144 000 euros). Presque 20 000 francs en moins !
François Gaury s’installera plus tard à Châtelaillon. Il sera président du Syndicat d’Initiative et conseiller municipal. Il décède dans cette commune le 7 juillet 1951.

1923, la vente à Félix-Usmar Magnier

Déjà installé à Châtelaillon, le couple Gaury revend le domaine à Félix-Usmar Magnier (1870-1929) et à son épouse Marie Sautière (1869-1939). Ils se sont unis en 1911 à Cambrai dans le Nord. Marie est veuve en premières noces de Charles Humann.
L’acte est signé chez Maître Menon, notaire à La Rochelle, le 20 décembre 1923 au prix de 100 000 francs payés comptant (96 000 €).
Ils sont tous les deux originaires du nord de la France. Quelques jours avant la signature, Félix-Usmar est nommé courtier interprète maritime à La Pallice. Parlant huit langues, il a en charge les relations avec les capitaines des bateaux étrangers. Cette nomination a un lien avec l’achat du château qui devient une villégiature.

Félix-Usmar Magnier a été courtier interprète au port de La Pallice entre 1923 et 1929. Il a remplacé Maurice Chevalier ! Son remplaçant, Jean Rio est le fils d’Alphonse, capitaine au long cours, plusieurs fois ministre de la Marine marchande dans les années 1930. Source AD17

Le couple divorce le 7 décembre 1925, au profit de Marie qui conserve la propriété du domaine. Huit mois plus tard, Félix se remarie le 10 juillet 1926 à la mairie d’Angoulins avec la « cause du divorce » Éléonore Collin (1889-1950) d’Ardillières. Il décède à peine trois ans plus tard le 17 février 1929 à son domicile rochelais, avenue Guiton.

Le portail du domaine en 2019. Le M est vraisemblablement l’initial des derniers propriétaires, M comme Magnier ou M comme Marie son épouse dont il a divorcé mais qui a conservé le bien. Source Google Maps
Le M aujourd’hui. Photo personnelle

1931, la vente au département de Seine-et-Oise

Seule dans cette grande maison, Marie met en vente le domaine. Le 16 juillet 1931, chez Maître Burgaud, notaire à Châtelaillon, elle signe l’acte définitif au profit du département de Seine-et-Oise. Le prix de cession est de 360 000 francs (234 000 euros). Payé 100 000 francs en 1923, c’est une belle plus-value en huit ans !
Marie est la dernière propriétaire particulière du château de la Sapinière. Elle quitte la région et décédera le 25 septembre 1939 dans sa ville de naissance Caudry (Nord). Une longue histoire s’ouvre maintenant, celle de l’Œuvre des Pupilles de l’École Publique. En 84 années d’activités, des générations d’enfants vont venir à Angoulins, au début en station scolaire puis en colonies de vacances jusqu’en 2015 !

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1969, le transfert au département des Yvelines

Une réforme territoriale de 1968 éclate le département de Seine-et-Oise en cinq nouveaux : les Yvelines (78), l’Essonne (91), les Hauts-de-Seine (92), la Seine-Saint-Denis (93) et le Val-de-Marne (94). Le domaine est transféré au département des Yvelines le 19 septembre 1969.

1978, la vente au département de l’Eure

Le 15 décembre 1978, le département des Yvelines cède la propriété à celui de l’Eure.

Photo satellite de 1972. Répartition des bâtiments de la colonie des Yvelines. Source IGN Géoportail

Le propriétaire actuel m’a communiqué une description du domaine figurant sur l’acte notarié de cession au département de l’Eure, en 1978. Les bâtiments dortoir ont été construits à partir de 1931 et différents rajouts ont été faits en 1945, 1948, 1962 et 1967.
Le château est aménagé pour loger l’équipe de direction de la colonie :
• Rez-de-chaussée : vestibule donnant sur perron, grande salle avec boiserie et belle cheminée, une autre pièce et WC.
• Premier étage : trois chambres avec une salle de bains et des toilettes.
• Second étage : quatre chambres mansardées avec lavabo et WC.

ℹ️ La vigne de 1 300 m² semble vendue, elle n’apparaît plus dans les références cadastrales.

En 1934, la grande salle avec boiserie et belle cheminée. Source internet
Vers 1935. Ce timbre en pierre existe toujours au sein du domaine. Source internet
Le timbre aujourd’hui au sein du parc rénové du domaine. Photo personnelle

2021, la vente à la société Qualytim

La colonie ferme ses portes en décembre 2015. Le Conseil Départemental de l’Eure souhaite se séparer du domaine, fortement dégradé, dont la rénovation coûterait trop cher. La vente par adjudication publique est publiée en mars 2017 dont la mise à prix débute à 2,4 millions d’euros. La mairie d’Angoulins désapprouve, elle désire que le domaine reste public. Associée à la CDA de La Rochelle, une idée émerge : créer un institut régional, voire national « lié à la connaissance et la gestion des risques naturels en zones côtières ». Malheureusement, le budget de cette ambition est trop élevé, l’opération est abandonnée.

L’achat par un promoteur est donc la solution et juridiquement parlant, rien ne s’oppose à la création de logements. La société Qualytim remporte l’adjudication (1,775 M €, source DVF) et devient le nouveau propriétaire le 29 janvier 2021. Un vaste chantier de réhabilitation et de transformation en 26 appartements aux prestations haut de gamme démarre aussitôt. Le chantier est en cours, le résultat final est visible en cliquant sur ce lien.

Le château de la Sapinière en 2018. Photo Qualytim

Résumé des propriétaires successifs

RangPropriétairesPériode de détention
1Alphonse Gauvin et Angelina Jolly (achat terrains, construction de la villa)1888-1900
2Mgr Émile Paul Le Camus (achat aux enchères)1901-1906
3Aristide Jourdan et Émile Barthe (donation, indivision 50/50)1906-1907
4Marie Nunc De Thierry Villemont (achat)1907-1918
5Robert Delaunay-Belleville (achat)1918-1922
6François Gaury et Laurence Orzechewski (achat)1922-1923
7Félix-Usmar Magnier et Marie Sautière (achat)1923-1931
8Département de Seine-et-Oise (achat)1931-1969
9Département des Yvelines (transfert de propriété)1969-1978
10Département de l’Eure (achat)1978-2021
11Société Qualytim (achat par adjudication publique)2021-2024
12Copropriété de 26 lots2024-____

© Cédric Blondeel / Qualytim 2020 (diffusion autorisée)

Documentation
Archives Départementales de La Rochelle
Remerciements à la société Qualytim pour son aide précieuse concernant la période 1931-2021
Photos Internet et famille
Convertisseur des francs en euros : Insee
Wikipédia